Quand Pasolini regarde la psychanalyse, la psychanalyse regarde les queers
Fabrice Bourlez
Texte
S’EMBRASSER SUR LE RING?
La thèse qui sera la mienne reprend certains points d’un travail que je mène depuis quelques années maintenant. Mes recherches vont de la psychanalyse aux théories queer et retour. Je ne me situe pas dans une logique traditionnelle d’opposition ou de combat entre les deux champs disciplinaires. En effet, les queers se sont souvent positionnés contre la psychanalyse.
On peut reprendre leurs griefs à son encontre sous la forme d’un lourd quadripode, aussi pesant que boiteux. La psychanalyse serait homophobe, hétéronormative, incapable d’aller au-delà de la différence des sexes et elle serait restée prisonnière du complexe d’Œdipe. Mon pari est de prendre acte de ces critiques pour interroger la métapsychologie freudienne et renouveler l’éthique à l’œuvre dans la psychanalyse.
En prenant compte des lectures et des déconstructions queer, j’espère éviter de consolider le différend entre la psychanalyse et les théories queer. Plus exactement, je crois que si les queers sont contre la psychanalyse, alors elles et ils sont tout contre, comme dans une embrassade XX.
Au creux de cette étreinte, dans ce grand écart impossible que mon travail théorique convoque, Pier Paolo Pasolini et Pétrole, son dernier roman, publié posthume XX, peuvent jouer un rôle d’intercesseur particulièrement important. Ce terme d’intercesseur est à entendre au sens où le philosophe Gilles Deleuze s’en servait pour son propre travail.
Écoutons-le:
L’important n’a jamais été d’accompagner le mouvement du voisin, mais de faire son propre mouvement. Si personne ne commence, personne ne bouge. Les interférences ce n’est pas non plus de l’échange : tout se fait par don ou capture. Ce qui est essentiel, c’est les intercesseurs. La création, c’est les intercesseurs. Sans eux, il n’y a pas d’œuvre. Ça peut être des gens – pour un philosophe, des artistes ou des savants, pour un savant, des philosophes ou des artistes – mais aussi des choses, des plantes, des animaux même, comme dans Castaneda. Si on ne forme pas une série, même complètement imaginaire, on est perdu. J’ai besoin de mes intercesseurs pour m’exprimer, et eux ne s’exprimeraient jamais sans moi: on travaille toujours à plusieurs, même quand ça ne se voit pas. XX
Voici donc ma thèse: Pétrole comme intercesseur de la psychanalyse et des théories queer.
MÉTHODOLOGIE
Je lis donc Pasolini plus en psychanalyste qu’en spécialiste de la littérature.
Pasolini me met au travail non seulement comme théoricien mais aussi comme clinicien.
En ce sens, je voudrais commencer par m’inscrire dans le sillage des indications que Jacques Lacan pouvait donner aux psychanalystes quand il s’intéressait à Marguerite Duras et à son roman Le Ravissement de Lol V. Stein XX.
Dans son «Hommage fait à Marguerite Duras», en 1965, Lacan donne des pistes de lecture qui restent précieuses lorsque le psychanalyste regarde une œuvre littéraire, cinématographique ou artistique. Il rappelle ce que Freud nous enseignait déjà lorsqu’il s’intéressait à la Gradiva de Jensen ou à Léonard de Vinci ou encore à Michel-Ange XX.
Lacan écrit que «le seul avantage du psychanalyste […] c’est de se rappeler avec Freud qu’en sa matière, [soit l’inconscient et la pulsion], l’artiste toujours le précède» XX.
Cette courte déclaration est fondamentale.
Lorsque que l’on veut mêler le discours de l’inconscient et celui des arts, il faut garder à l’esprit que l’artiste nous précède. Il nous «fraie la voie» dit encore Lacan. Qu’est-ce que cela signifie ?
Cela signifie, par exemple, que Pasolini dans son œuvre et, sans doute plus particulièrement dans Pétrole, nous met en chemin vers un réel qui concerne les sujets que l’on rencontre, au cas par cas, dans les cabinets ou les institutions. Cela veut donc dire que Pasolini nous précède dans les élaborations théorico-cliniques que nous pouvons formuler.
Cela veut encore dire que l’intérêt de regarder les productions littéraires et artistiques, c’est de se laisser enseigner par ce qu’elles formulent. Elles nous plongent au plus près de ce qui occupe les cliniciens, elles nous plongent dans l’inconscient. L’œuvre sait et nous n’avons qu’à la suivre.
Attention toutefois à ne pas mal comprendre cette première indication lacanienne. Elle est d’ordre méthodologique. Il ne s’agit pas du tout de dire que Pasolini décrirait dans le contenu de son roman ce que l’on pourrait rencontrer dans la clinique.
Pour rappel, Pétrole s’ouvre sur l’évanouissement de Carlo, un homme en prise avec «l’angoisse» et «la névrose», dans son appartement du quartier bourgeois des Parioli, à Rome.
A partir de cette chute au sol, il se dédouble en deux personnages: Carlo de Polis et Carlo de Thétis dont on suivra les aventures pour le moins décousues et scabreuses.
Les récits des notes qui structurent l’ouvrage de manière morcelée et lacunaire pourraient faire songer aux nouvelles formes d’addiction que l’on croise fréquemment aujourd’hui: porno-dépendance, addiction au sexe, voire délire érotomaniaque ou déclenchement schizophrénique.
L’enjeu n’est pourtant pas de repérer des éléments diagnostiques qui se trouveraient illustrés dans les pages pasoliniennes.
Pour suivre la manière dont l’œuvre nous fraye la voie, il s’agit de s’intéresser à «la pratique de la lettre du texte» dit encore Lacan. C’est là que l’on découvre ce qui «converge avec l’usage de l’inconscient» XX.
Ainsi ce qui nous met sur la voie de l’inconscient, ce qui nous précède en tant que cliniciens, se situe moins dans le contenu positif de ce qui est raconté que dans les strates, les brèches, l’agencement et les modalités de traitement de la langue qui est au travail dans le roman.
Or, de ce point de vue, le roman pasolinien s’avère d’une richesse extrême car son accumulation d’histoires interrompues, d’intertextualités et de renvois littéraires, d’incohérences et de ruptures narratives abrite un impossible à lire: quelque chose qui ne cesse pas de ne pas s’écrire et qui nous éclaire sur la logique propre à l’inconscient.
Autrement dit, et là-dessus Lacan est tout fait explicite: le psychanalyste «n’a pas à faire le psychologue» avec l’artiste. Ce serait «de la goujaterie» et de la «sottise» XX que de réduire les dimensions ouvertes par l’œuvre à une unité psychologique quelconque. Pas de psychologie du Moi aussi bien du côté de l’auteur que de ses personnages. Pas de grilles interprétatives dans lesquelles faire rentrer l’œuvre.
Cela revient à dire que, pour un psychanalyste, il ne sert à rien de rabattre Pétrole sur l’intimité de la biographie pasolinienne, tout comme il n’est pas très utile non plus d’essayer de donner un quelconque diagnostic clinique pour interpréter le cas de Carlo, double protagoniste du roman, qui changera de sexe à plusieurs reprises au cours de la narration.
Refuser de jouer les psychologues, de psychologiser le texte, c’est refuser de faire appel à une interprétation rassurante qui tendrait à trouver une unité du moi, une origine, un contenu précis voire une vérité ferme et définitive là où l’enjeu-même de l’écriture est dans la démultiplication des notes, dans leur incomplétude, et dans l’impossibilité de se rassurer quant à un sens abouti qui viendrait clôturer une histoire. Cette remise en cause de la psychologie est explicitement à l’œuvre dans la «note 31» de Pétrole: «dans la psychologie, il y a toujours quelque chose d’autre et quelque chose de plus que la psychologie. […] La connaissance de l’esprit humain est, précisément, quelque chose de différent, quelque chose de plus.XX»
IMPORTANCE DU RÊVE: PÉTROLE,
UN ÉLOGE DE LA PSYCHANALYSE?
Nombre de critiques l’ont largement souligné, Pétrole est écrit comme un rêve. L’interruption de la progression linéaire, les sursauts abrupts de la narration, les ruptures de style, les sensations de déjà-vu ou de déjà-lu et, surtout, la suspension du principe de non-contradiction, selon lequel une chose ne peut être en même temps le contraire de ce qu’elle est, la mise hors-jeu du principe selon lequel on ne peut pas être et ne pas être à la fois, tout cela renvoie directement à la logique des rêves.
Dans L’Interprétation des rêves, Freud écrit :
La manière dont le rêve exprime les catégories de l’opposition et de la contradiction est particulièrement frappante: il ne les exprime pas, il paraît ignorer le «non». Il excelle à réunir les contraires et à les représenter en un seul objet. Le rêve représente aussi un élément quelconque par son désir contraire, de sorte qu’on ne peut savoir si un élément du rêve, susceptible de contradiction, trahit un contenu positif ou négatif dans les pensées du rêve. XX
Autrement dit, l’inconscient ne connaît pas la logique du tiers exclu. Pareil inconscient semble bel et bien être le moteur de l’écriture du roman pasolinien. Des incohérences logiques, des déplacements impossibles, des dédoublements contradictoires, des fantasmes et des visions, des aberrations temporelles y défient, page après page, la logique de l’universel et du sens positif qui valent dans la vie diurne.
D’ailleurs, en relisant le livre tel qu’il a été publié posthume, on s’aperçoit que chaque transition, dans les moments clés de l’architecture précaire de ce roman tentaculaire, fait appel aux rêves. Le rêve, ou plutôt les rêves, interviennent comme des scansions de cet impossible récit qu’est Pétrole.
En premier lieu, on peut penser au texte qui suit la dernière note du livre. Il a été écrit à Chia, le 16 août 1974 et a été «rêvé durant la nuit». Il décrit une «descente aux Enfers». Pasolini écrit: «que sont ces Enfers aujourd’hui, pour un homme comme C.? C’est le lieu des Rêves ou de l’Inconscient .XX »
On pourrait presque dire que «ce roman [qui] n’a pas de début» XX, se termine sur un rêve et, donc, sur un appel à l’inconscient.
Mais en fait, ce début si surprenant, une page presque blanche, implique peut-être déjà lui-même le rêve: un rêve ne commence jamais. Ce n’est que dans l’après-coup du réveil qu’on lui restitue un début mais, force est de constater que le propre du rêve est de ne pas avoir de commencement net et précis. Le début nous échappe systématiquement: impossible d’avoir la maîtrise sur son rêve. C’est l’hypothèse même de Freud, en 1917, lorsqu’il rédige «Une difficulté de la psychanalyse».
Dans ce texte, le père de la psychanalyse exposait la triple vexation qu’a subie l’homme face aux découvertes des sciences: nous ne sommes pas seulement au centre de l’univers, vexation cosmologique copernicienne, notre statut d’être biologique ne nous concède plus non plus une quelconque exclusivité dans le règne des vivants, vexation darwinienne, mais, avec l’analyse du rêve, voie royale pour accéder à l’inconscient, nous ne sommes même plus maîtres en notre demeure: c’est la vexation psychanalytique freudienne XX. On pourrait interpréter la première page du roman, qui refuse de donner un point de départ à l’histoire comme une façon de rendre compte de cette vexation analytique.
Le début et la fin du roman sont donc en prise avec l’inconscient.
Mais en réalité, on peut supposer que c’est sa rédaction tout entière qui est connectée avec l’inconscient. Pasolini souhaitait qu’il soit publié sous une forme fragmentaire. On y progresse en dehors de toute linéarité par sauts et par bonds. Il est composé de «notes» qui remplacent le chapitrage classique. La numération de ces notes est elle-même irrégulière. Le roman revendique son propre inachèvement. Ces notes éparses offrent néanmoins parfois des moments de récapitulation quelque peu vacillants.
Ainsi, par exemple, l’exposé d’une frénésie masturbatoire et sexuelle de Carlo, le héros du livre, s’achève-t-il par un rêve, rêve qui a échappé au rapport perdu de Pasquale, autre personnage énigmatique, censé observer les faits et gestes de Carlo. Ce rêve est dit de la «Roue et de l’essieu» et on le trouve à la note 17.
La première annonce de la seconde partie, quant à elle, apparaît après la première note 43 et est également suivie d’un rêve.
Et, dans un cas comme dans l’autre, la suite numérale des notes saute. De 11 on passe à 17 et de 43 on revient à 42: comme si le rêve venait mettre à mal la numération, la téléologie du développement, l’ordre et la progression auxquels croit si fermement la vie diurne.
Inévitablement, on se perd, on erre, la succession des pages du roman ne valent plus vraiment comme progression mais comme régression.
En parallèle aux rêves qui structurent le récit, nous avons des «visions». Elles semblent prendre le relais des rêves pour articuler les différentes séquences. Ainsi le premier moment fondamental du poème [c’est Pasolini qui souligne], à la note 51, est-il constitué d’une «vision d’un nouveau sexe», tandis que le deuxième moment fondamental du poème, note 58, où, à nouveau, il y a la confrontation avec la transformation du sexe de Carlo en sexe féminin, est lui aussi précédé d’une «vision»: celle du père au jardin (notes 65-66-67).
On remarquera, une fois encore, le saut dans l’ordre numéral ordinal des notes. Toujours au nombre des visions, celle du «Merde», qui occupe une longue partie du roman, extrêmement critique quant à la société petite-bourgeoise de l’Italietta, honnie par Pasolini, aboutit à celle du troisième moment fondamental du poème où la vision, ici, implique la demande de castration de Carlo.
S’ajoute encore la vision qui ouvre la deuxième partie du livre, la note 103 b, qui se termine par ces mots: «les hommes politiques […] doivent aussi être en mesure d’avoir des Visions XX».
Puis vient le quatrième moment fondamental du poème où Carlo voit qu’il redevient un homme (note 127). On pourrait être tenté, dans une sorte d’application et d’engagement dans une lecture systématique du livre, de donner le même statut aux rêves et aux visions: des concrétions imaginaires et symboliques capables de relancer le récit. Et, dans un élan d’enthousiasme psychanalytique, on pourrait presque les interpréter comme les principaux ressorts de la narration.
Le secret de la narration suspendue de Pétrole, la source intarissable et énigmatique de sa trame, l’or noir du texte, seraient les rêves et l’inconscient envisagés à partir de leur principal concept limite, à mi-chemin entre le corps et le langage: la pulsion.
Dans cet esprit-là, il faudrait encore recenser toutes les références explicites du livre aux psychanalystes et à la psychanalyse. De manière répétée, Pasolini appuie son texte sur Freud, Fenichel, Ferenczi, Lacan, Jung. Il emploie les termes de «névrose», de «tableau clinique», de «point de vue psychanalytique», de «désir cliniquement anxieux», de «tension entre le Moi et le ça».
En outre, l’écriture de Pétrole s’extrait aussi du sol de la littérature réunie dans la valise volée d’un jeune intellectuel croisé dans un train.
Or le train est l’image par antonomase de la libre association freudienne XX.
Si Pétrole constitue un véritable laboratoire littéraire et intertextuel, alors il faut aussi rappeler que dans les livres de cette valise volée figurent Thalassa de Ferenczi et les Mémoires du Président Schreber, soit des classiques de la littérature psychanalytique XX.
Enfin, dans une certaine mesure, la psychanalyse a été la condition de possibilité de la rédaction du livre puisque Pasolini recevait des mains d’Elvio Facchinelli une copie de l’ouvrage Questo è Cefis de Giorgio Steimetz. Ce livre fait partie des éléments clés qui ont permis à Pasolini de mener son enquête sur le pouvoir et sur la mort mystérieuse de l’industriel Enrico Mattei XX.
Cette double enquête, ouvertement politique et inscrite dans le contemporain de Pasolini, répond à la toile de fond fictionnelle des deux Carlo. Or Facchinelli exerçait la profession de… psychanalyste.
Bref, Pétrole regarde du côté de la psychanalyse, c’est indubitable.
«VITA MORTE, LA VITA NELLA MORTE.
MORTE VITA, LA MORTE NELLA VITA»
C. MICHELSTAEDTER, IL CANTO DELLE CRISALIDI
Sur le fond, on peut affirmer sans trop se tromper que le roman ne cesse de démontrer le lien indissoluble entre Eros et Thanatos.
Ses pages offrent une description, tant dans le contenu des scènes de sexe que dans la marche boiteuse du récit, du marquage de nos corps par la noirceur d’un au-delà du principe de plaisir, d’un irrémédiable excès qui hante nos corps et nous pousse à répéter, à reproduire, à rater, à souffrir même dans les moments de plaisir les plus extrêmes, voire à rechercher, malgré nous, les moments de déplaisir.
Le rêve de la Roue et l’essieu raconte comment Carlo «retournait toujours au même point». «C’était là de la joie et il n’y aurait jamais de joie plus grande que celle-ci XX».
Un peu plus loin Pasolini écrit:
«Bientôt il revint au point et, à partir de là, il regarda l’essieu de la Roue. Le monument de son corps rigidifié par la mort était maintenant une Bite, une énorme Bite de pierre XX».
La plus grande joie, j’aurais envie de dire, avec Lacan, la plus grande «jouissance», est liée à la mort, à l’insistance de thanatos dans l’éros.
Pasolini semble ainsi reprendre, à la lettre, la logique du texte freudien de 1915 sur l’Au-delà du principe de plaisir XX qui insiste sur la répétition et le plaisir pris dans la répétition d’expériences désagréables chez les être parlants ainsi que les développements lacaniens sur la signification du phallus comme signifiant clé de la structure XX.
Aussi Pasolini écrit-il dans la vision du Merde: «car la logique de ma modeste Vision, présuppose que les Eléments qui forment la vie, et donc les Vivants soient détruits un par un XX».
La mort par destruction est dans la logique même du mouvement vital.
Cette prise en compte, de ce qui, en termes lacaniens, s’appelle «réel de la jouissance» trouve encore une description surprenante de justesse dès la note 8 :
Il ne devait penser qu’à son sexe, et celui-ci contenait des plaisirs indescriptibles, les seuls vraiment sublimes de la vie. Il est vrai qu’ils lui coûteraient aussi angoisse et terreur, que, pour les atteindre, il devrait traverser des zones de mort, de vraie mort – par peur, par anxiété –, mais l’idée de toutes les possibilités des joies sexuelles mises ensemble, et isolées du reste de la vie, donnait une béatitude profonde: le sentiment d’une navigation sur une mer de plus en plus paisible, bleue, lumineuse XX.
Devant l’étendue paradoxale de cette mer, faite de joies infinies et d’angoisses mortelles, Pétrole nous donnerait à lire la tache noire dans laquelle s’engluent les «parlêtres», pour le dire, encore une fois, avec Lacan.
Les parlêtres, ce sont nos corps, affublés du dysfonctionnement caractéristique, du «cancer dont l’être humain est affligé». Pour Lacan, «la parole est un parasite XX». Les parlêtres sont des êtres marqués par le langage et qui, de ce fait même, éprouvent les limites de la vie. Souffrent de la présence de la mort avant même de l’expérimenter à la première personne. Se voient sans cesse traversés par les mots qui ne sont jamais que le meurtre des choses.
UNE CRITIQUE DU POUVOIR: PÉTROLE OU L’ANTI-PSYCHANALYSE?
Mais, en nouant Pétrole à ce point du côté de la psychanalyse, en serrant si fort le lien qui s’établit entre langage, corps et sexualité, ne suis-je pas en train de négliger ce que manifeste principalement le titre même de l’ouvrage?
À savoir le pétrole qui figure dans «un petit article de l’Unità XX», et qui a «poussé à concevoir la trame même» du livre: le pétrole en tant que matériau qui a provoqué des luttes de pouvoir, des combats, des guerres et des morts au XXe siècle et qui a enclenché les transformations sociétales que Pasolini dénoncera dans «la vision du Merde» vers la fin de son roman?
Le réel qui intéresse Pasolini, beaucoup plus que celui de la jouissance lacanienne, n’est-il pas, d’abord et avant tout, comme il l’écrit lui-même dans la note 126, celui du «nouveau pouvoir» qui a radicalement mis à mort l’innocence du monde «paysan et populaire»?
Le corps pasolinien, et sa sexualité débridée, démultipliée, anti-identitaire, à la limite du vivable, beaucoup plus que de faire écho au parlêtre lacanien ne montre-il pas «comment les dispositifs de pouvoir s’articulent directement sur le corps – sur des corps, des fonctions, des processus physiologiques, des sensations, des plaisirs»?
Corps et sexualité pasoliniennes ne mettent-ils pas en évidence «la manière dont on a investi ce qu’il y a de plus matériel, de plus vivant en eux XX» ?
Le sexe dans Pétrole serait, alors, à comprendre comme un «enjeu politique XX» bien davantage qu’un enjeu psychique.
Or, à suivre Michel Foucault dans ces quelques passages de La Volonté de savoir, la psychanalyse s’inscrit en plein dans le dispositif de la sexualité, soit dans ce mécanisme de pouvoir où psychanalystes, psychiatres et médecins marchent main dans la main du côté de l’établissement d’un savoir en mesure de séparer le normal du pathologique, de faire valoir des normes, de prescrire des pratiques et d’en proscrire d’autres, de pathologiser des conduites ou des identités.
Les liens entre savoir et pouvoir, parole et corps, normes et discours constituent, pour Foucault, le cœur de la biopolitique c’est-à-dire de nouvelles formes d’exercice du pouvoir libéraliste. Ce que dépeignent, chez Pasolini, la note 124 sur la nouvelle banlieue ou la note 72a de la «vision du Merde»: un néo-fascisme mou, un pouvoir diffus caractéristique d’une société de la tolérance faite de conventions, d’absence de résistance et d’encouragement à vivre des plaisirs fades.
Autant dire que:
Le vide laissé par la vie qui s’est retirée de leur corps, comme une eau qui en séchant laisse la rive pleine d’immondices puantes, est rempli par la dignité bourgeoise, professionnelle, technique, organisatrice, dont la Vulgarité unie à la Misère qui encore à tout prix persiste dans ces corps, respire l’horreur sacrée d’un corps torturé et assassiné XX.
Ici, n’a-t-on pas moins affaire à l’horreur du réel de la jouissance qu’à la veulerie des corps soumis au néo-capitalisme pétrolier?
Il m’est difficile de trancher.
Peut-on faire de Pasolini un critique de la psychanalyse aussi virulent qu’a pu l’être Michel Foucault? Faut-il ne voir dans la psychanalyse qu’une technique de normation des corps et des subjectivités qui modèlerait le désir selon des attentes bourgeoises? Doit-on associer la praxis à une «instance de domination» qui «arrache» sa vérité à celui qui parle pour mieux le canaliser XX?
Dans un bel article sur Pétrole, Rebecca West insistait sur le fait que Pasolini écrivait avec le corps. Elle envisageait son œuvre comme un prolongement du corps, un «faire corps» XX.
Cette manière de se réinventer un corps par l’œuvre rapprocherait notre auteur des communautés féministes et queer qui, elles aussi, refusent la logique de la non-contradiction et la série de dualismes qui en découlent.
C’est, selon West, ce que vient marquer la transformation en femme de Carlo.
Pétrole se termine par la célèbre lettre à Alberto Moravia. Dans sa missive, Pasolini revendique le choix de son écriture: il n’a plus voulu reproduire «l’illusion merveilleuse d’une histoire qui avance toute seule XX». Il abandonne toute velléité de satisfaire le lecteur par le récit. Ce choix de l’auteur est un leitmotiv. Son ultime projet était censé être «le préambule d’un testament, le témoignage de ce peu de savoir que l’on a accumulé XX».
Gageons que ce peu de savoir enserre l’impossible à comprendre, soit ce qui défie justement le binarisme du vrai/faux, homme/femme, bien/mal, psyché ou pouvoir.
Je crois que tout l’intérêt de Pétrole réside dans cette double valence de l’or noir: à la fois tourné vers le sombre excès pulsionnel et pris dans la critique des jeux de pouvoir. Ce que nous enseigne Pétrole, c’est que nos corps et nos sexualités sont toujours à mi-chemin entre les rets du pouvoir et ceux du langage. Aussi, à la note 126, Pasolini convoque-t-il en même temps les mots de la psychanalyse et sa colère contre le pouvoir: «Sur ces visages de vieux Italiens pomponnés par le bien-être, ce qui n’était pas névrose, était vulgarité» XX.
Névrose et vulgarité. Psyché et pouvoir. Vie et mort. Carlo de Polis et Carlo de Thetis. À nouveau, nous voici aux confins de la limite. Il s’agit de garder cette posture inconfortable. Elle défie les certitudes. Elle s’écrit à la lisière des discours. Sans cesse en train de se dérober.
POUR UNE CLINIQUE MINEURE
L’expérience de la psychanalyse est unique. Elle allège du poids de l’être. Elle ouvre aux devenirs, à la joie. Il ne faut cependant pas craindre d’en questionner la praxis à partir d’une critique biopolitique, il ne faut pas trembler à l’idée de revoir les tenants et les aboutissants de son éthique.
Pasolini souhaitait intégrer dans son texte des passages en japonais, en grec moderne, des signes purement graphiques, bref, du hors sens. Ces éléments, par leur matérialité même, obscurcissent, obturent, condamnent la signification: «non pas écrire une histoire, mais construire une forme (comme l’on comprendra mieux plus tard): forme qui consiste "en quelque chose d’écrit" » XX.
Le quelque chose d’écrit s’impose comme un évidement du sens, comme un refus de la consistance, comme une affirmation en creux.
Dans Le Récit de soi, Judith Butler, principale théoricienne du mouvement queer, dégage deux manières de pratiquer la psychanalyse. La première se situe sur un versant psychologisant, voire conservateur, je la dirais volontiers «majeure». Elle trouve sa matrice dans les analyses de Paul Ricœur et s’affairerait à faire du récit de soi une mise en ordre, bien réglée et définitive, de ce que l’on est.
À la complétude d’un tel récit, Butler déplie une deuxième version de la psychanalyse. S’y laisse entendre un traitement «mineur» de la langue, au sens où Deleuze et Guattari envisageaient ce rapport à la langue dans Kafka pour une littérature mineure XX. Cette deuxième version de la psychanalyse nous éloigne, en tous cas, de celle où le sujet tisserait les fils du passé entre eux pour essayer de redonner sens à sa vie. Butler écrit:
Certains ont en effet soutenu que le but normatif de la psychanalyse est de permettre au patient de raconter une histoire unique et cohérente sur lui-même qui satisfera son désir de se connaître et de se connaître notamment par une reconstruction narrative dans laquelle les interventions de l’analyste ou du thérapeute contribuent de nombreuses façons à la refonte et au retissage des fils de cette histoire XX.
Pareille version de la psychanalyse n’intéresse pas Butler: «Mais que se passe-t-il si la reconstruction narrative d’une vie ne peut pas être l’objectif de la psychanalyse et que la raison à cela est liée à la formation même du sujet?» XX
Butler entreprend alors une démonstration de la construction de la subjectivité où, en raison même de son attachement à autre chose que lui-même, de par son inscription dans le champ de l’Autre, du langage, le sujet ne peut en aucun cas se limiter à la cohérence du Moi.
Il se voit dès lors fondamentalement marqué à la fois par un vide et par un excès qui viendront battre en brèche les tentatives les plus rassurantes de se compléter au moyen du récit.
De ce fait même, s’instaure un rapport éthique à soi, à l’autre et au monde. «La possibilité même de la capacité d’agir linguistique dérive d’une situation dans laquelle on se trouve interpellé par un langage qu’on ne choisit pas. XX» Dans Pétrole, cette impossibilité de «tout dire» est également mise en avant par «la forme de quelque chose d’écrit».
Plutôt que de trop croire aux lois du sens et du signifiant, Pétrole nous met sur la voie de la dérision. Plutôt que de vouer un culte à l’ordre Symbolique et à sa consistance phallique, l’écriture de Pétrole nous révèle sa dimension de simulacre. «J’ai érigé cette statue pour rire», lit-on à la note 74.
Et à la suivante: «cette inscription se pose comme épigraphe de toute la présente œuvre XX».
En prenant en compte ce rire salutaire devant le monument du langage en ruine, en s’appuyant sur cette vision qui défait la plénitude du sens, face à l’écroulement de l’ordre du nom-du-père, oui, alors la psychanalyse regarde les queers. Ce regard touche à la limite de la vie. Son effet est double. Sans doute est-il forcément trouble? Il s’efforce de rendre un plus grand nombre de vies vivables. Il élargit alors la limite de ce qui est possible, admissible, dicible, enviable et vivable. Mais, en même temps, il s’avance jusqu’à la limite de chaque vie. Là où chacun.e, en vient, tel Carlo, dès les premières pages du roman, à considérer la vie «comme un échec inévitable XX». Seul point de départ pour tenter de la réussir, à la limite.
© Fabrice Bourlez, revue Les Cahiers inernationaux du Symbolisme n° 155-156-157, 2020
Fabrice Bourlez,
École supérieure d’arts et de design de Reims
Institut d’études politiques de Paris
Notes
- Sur ce point, je me permets de renvoyer à Fabrice Bourlez, Queer psychanalyse. Pour une clinique mineure, Paris, Hermann, 2018.
- Pier Paolo Pasolini, Pétrole, Paris Gallimard, 2006 (Trad. René de Ceccatty). Le roman a été publié en italien pour la première fois par Einaudi, en 1993.
- Gilles Deleuze, Pourparlers [1990], Paris, Minuit, 2003, p. 171. Sur la question des intercesseurs deleuziens, je renvoie à l’excellent travail de Jean-Philippe Cazier, « Gilles Deleuze, une logique de la création », ce texte est disponible en ligne : https://blogs.mediapart.fr/edition/gilles-deleuze-aujourdhui/article/040215/gilles-deleuze-une-logique-de-la-creation (consulté le 28/02/2018). Une première version de ce texte a été publiée dans Fabrice Bourlez et Lorenzo Vinciguerra (dir.), Pourparlers - Deleuze entre art et philosophie, Reims, Épure, 2013.
- Cf. Marguerite Duras, Le ravissement de Lol V. Stein, Paris, Gallimard, 1964.
- Cf. Sigmund Freud, Le délire et les rêves dans la Gradiva de W. Jensen [1907], Paris, Gallimard, 1986 (Trad. Rose-Marie Zeitlin et Jean Bellemin-Noël) ; Sigmund Freud, Un souvenir d’enfance de Léonard de Vinci [1943], Paris, Gallimard, 1991 (Trad. Marie Bonaparte) et Sigmund Freud, Le Moïse de Michel-Ange [1914], Paris, Gallimard, 1933 (Trad. Marie Bonaparte) et Sigmund Freud, L’Inquiétante Étrangeté et autres essais, Paris, Gallimard, 1985 (Trad. Fernand Cambon).
- Jacques Lacan, Autres Ecrits, Paris, Seuil, 2001, p. 192.
- Idem, p. 193.
- Idem.
- Pier Paolo Pasolini, Pétrole, Op. cit., p. 135 (V. It., 1993, p. 119).
- Sigmund Freud, L’Interprétation des rêves [1905], Paris, PUF, 1967, p. 274 (Trad. Ignace Meyerson).
- Pier Paolo Pasolini, Pétrole, Op. cit., p. 567 (It., p. 538).
- Idem, p. 19 (It., p. 9).
- Cf. Sigmund Freud, « Une difficulté de la psychanalyse » [1917] in L’Inquiétante Étrangeté et autres essais, Op. cit.
- Pier Paolo Pasolini, Pétrole, Op. cit., p. 490 (It., p. 462).
- Lorsqu’il thématise la libre association, Freud la compare au dire « d’un voyageur qui, assis près de la fenêtre de son compartiment, décrirait le paysage tel qu’il se déroule à une personne placée derrière lui. » Cf. Sigmund Freud, « Le début du traitement » (1913) in La Technique psychanalytique, Paris, PUF, 2007, p. 94 (Trad. Janine Altounian et alii).
- Cf. Sandor Ferenczi, Thalassa : psychanalyse des origines de la vie sexuelle [1924], Paris, Payot, 2018 (Trad. Judith Dupont et Myriam Viliker) ainsi que Sigmund Freud, Le président Schreber : un cas de paranoïa [1911], Paris, Payot, 2013 (Trad. Olivier Mannoni) et Daniel Paul Schreber, Mémoires d’un névropathe, Paris, Seuil, 1985 (Trad. Paul Duquenne et Nicole Sels).
- Telle est l’hypothèse de Carla Benedetti et Giovanni Giovanetti, Frocio e basta, Sacra follia ? Pasolini, Cefis, Petrolio. Cosi muore un poeta, Pavie, Effigie, 2012. Les auteurs insistent sur la nécessité d’une lecture politique de la mort pasolinienne et réfutent toute lecture psycho-culpabilisante de son œuvre à partir de son assassinat. L’appel à l’homosexualité pasolinienne aurait trop souvent été une excuse pour enfermer son parcours dans un jugement moral empêchant d’en saisir les enjeux stratégiques. Ma contribution, à mi-chemin entre les théories queer et la psychanalyse, s’efforce justement de contrer tout « biografismo sessualocentrico ».
- Pier Paolo Pasolini, Pétrole, Op. cit., p. 94 (It., p. 80).
- Ibid.
- Cf. Sigmund Freud, Au-delà du principe de plaisir [1919], Paris, Payot, 2010.
- Cf. Jacques Lacan, « La signification du phallus » in Écrits, Paris, Seuil, 1961, pp. 685-697.
- Pier Paolo Pasolini, Pétrole, Op. cit., p.402 (It., p. 378).
- Idem, p. 73 (It., p. 59). Remarquons que dans sa fulgurante généalogie de la pensée italienne contemporaine, le philosophe Roberto Esposito inscrit la pensée et l’œuvre pasoliniennes comme un jalon décisif de cette histoire qu’il caractérise comme une sorte de combat, de tension perpétuelle, entre le politique et un noyau inactuel qui vient perpétuellement mettre en crise le processus d’historisation sans pour autant l’arrêter. Selon Esposito « cet élément originaire, non historique voire incompatible avec l’histoire, dans sa dimension purement vitale, ne disparait jamais, mais se déplace au creux de l’histoire ». Les hommes, au plus haut de leurs industrieuses politiques sublimatoires doivent toujours, à un moment ou autre, se tourner vers cet « élément opaque, semi-naturel, historiquement intraitable ». Dans ce contexte, la mort n’est pas ce qui vient détruire la vie, mais une force interne, « l’aimant qui attire la vie dans le déploiement de sa puissance naturelle ». Pour Esposito, l’œuvre pasolinienne reprend à la lettre cette tension dialectique entre noyau vivant anhistorique et progrès historique. Cf. Roberto Esposito, Pensiero vivente. Origine et attualità della filosofia italiana, Turin, Einaudi, 2010, en particulier le chapitre Varco IV. (Nous traduisons).
- J. Lacan, Le Sinthome, Le Séminaire, Livre XXIII, leçon du 17 février 1976, Paris, Seuil, 2005, p. 95.
- Pier Paolo Pasolini, Pétrole, Op. cit., p. 572 (It., p. 543).
- Michel Foucault, La Volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976, p. 200.
- Idem, p. 191.
- Pier Paolo Pasolini, Pétrole, Op. cit., p. 393 (It., p. 371).
- Michel Foucault, La Volonté de savoir, Op. cit., p. 84.
- Cf. Rebecca West, « Da “Petrolio” a “Celati” » in Carla Benedetti et Maria Antonietta Grignani (dir.), A partire da Petrolio. Pasolini interroga la letteratura, Ravenne, Longo Editore, 1995.
- Pier Paolo Pasolini, Petrolio, V.it, Op. cit., p. 545. (Nous traduisons).
- Idem, p. 545 (Nous traduisons).
- Pier Paolo Pasolini, Pétrole, Op. cit., p. 531, (It., p. 503).
- Ibid., p. 155 (Nous traduisons). Rappelons qu’Emanuele Trevi a rendu un hommage d’une profonde poésie à cette formule pasolinienne. Cf. Emanuele Trevi, Qualcosa di scritto, Firenze, Ponte alle grazie, 2012.
- Pour Deleuze et Guattari, Kafka, juif, tchèque, s’exprimant en langue allemande, est étranger dans sa propre langue. Il n’a pas accès aux canons de la grammaire majeure, il minorise au double de miner et de jouer sur un ton mineur les sonorités de l’Allemand. A la place d’être confronté au langage qui marche au pas cadencé d’une même grammaire qui vaut pour tous, il fait résonner, bruisser la langue du côté de l’impossible. Deleuze et Guattari expliquent : « Une littérature mineure n’est pas celle d’une langue mineure, plutôt celle qu’une minorité fait dans une langue majeure. […] Kafka définit en ce sens l’impasse qui barre aux juifs de Prague l’accès à l’écriture, et fait de leur littérature quelque chose d’ impossible : impossibilité de ne pas écrire, impossibilité d’écrire en Allemand, impossibilité d’écrire autrement ». Gilles Deleuze et Félix Guattari, Kafka. Pour une littérature mineure, Paris, Minuit, 1976, p.29. Thamy Ayouch propose d’appliquer à la psychanalyse cette politisation du langage à l’œuvre dans la lecture de Deleuze et Guattari : Cf. Thamy Ayouch, « Genre, classe, race et subalternité : pour une psychanalyse mineure » in Pour un regard neuf de la psychanalyse sur le genre et la parentalité, Paris, Érès/Points Hors Ligne, pp 185-216 et Thamy Ayouch, « Sexe et genre sur le divan ou pour une psychanalyse mineure », Préface de l’ouvrage de T. Besnard-Santini, Sexe et genre sur le divan. Théories du sexuel dans le discours de la clinique psy en France contemporaine, Paris, L’Harmattan, 2017. Je me sens très proche de cette démarche intellectuelle et de ses conséquences cliniques.
- Judith Butler, Le Récit de soi, Paris, PUF, 2007, p. 52.
- Idem, p. 53.
- Idem, p. 54.
- Pier Paolo Pasolini, Pétrole, Op. cit. p. 409 (It., p. 386).
- Pier Paolo Pasolini, Pétrole, Op. cit., p. 21 (It., p. 10).