© 2015, Josse Goffin, Regard à gauche

Entre subversion et institutionnalisation : l’agir de Sophia pour intégrer les savoirs féministes dans les universités belges

Nadine Plateau

Texte

   Si on se place au point de vue de l’espérance et de la volonté
du féminisme comme mouvement politique au sens le plus large du terme,
il ne peut y avoir de transformation des rapports sociaux
sans une transformation du champ symbolique.


Françoise Collin, Je partirais d’un mot. Le champ symbolique, 1999, p. 18 *


Paraphrasant Olympes de Gouges, l’historienne américaine Joan Scott écrivait dans son ouvrage sur le féminisme et les droits de l’homme que les féministes n’ont que des paradoxes à offrir (Scott, 1998). Elle y soutenait la thèse que les contradictions propres au féminisme comme celle de vouloir l’égalité en se revendiquant à la fois de l’universalité et de la particularité ne faisaient que refléter celles des discours des Lumières et de la Révolution française qui, d’une part dissolvent la différence des sexes dans l’universalité des droits de l’homme, mais d’autre part la reconnaissent, la renforcent même en invoquant la nature des femmes pour justifier leur exclusion du domaine public.
Les paradoxes n’ont pas fini de travailler le mouvement des femmes dont l’essence me semble être, après plusieurs décennies d’engagement en son sein, non pas de résoudre les contradictions mais de s’y engouffrer et de sans cesse les exploiter pour faire avancer la cause des femmes. La création de Sophia n’échappe pas à cette règle puisque les féministes qui fondèrent l’association à la fin des années 1980, voulaient dans un même élan subvertir les institutions académiques et leur mode de production des connaissances aussi bien que légitimer les savoirs féministes dans ces mêmes institutions. Soit tout à la fois la marge et le mainstream, la subversion et l’institutionnalisation.

Sophia naît après le premier colloque européen consacré aux Women’s studies XX organisé en 1989 par les Cahiers du Grif XX sous l’égide de la Commission des Communautés européennes. Ce colloque qui faisait le point sur l’état des études-femmes XX en Europe, avait révélé la pauvreté des enseignements et recherches dans ce domaine en Belgique par comparaison avec les autres pays européens. À l’initiative du Grif, quelques militantes francophones et flamandes, enseignantes pour la plupart et excédées de ce retard, décidèrent d’agir pour assurer la transmission des savoirs féministes dans nos universités.
Si ces pionnières pouvaient diverger par leurs ancrages institutionnels, leurs convictions politiques ou même leur engagement féministe, elles poursuivaient un objectif commun : la reconnaissance et la promotion des études féministes et sur les femmes. Au-delà des différences et des différends, toutes étaient convaincues de la nécessité d’inscrire le questionnement féministe dans la profondeur des consciences pour qu’un réel changement ait lieu.
Si, de sa création à aujourd’hui, Sophia est restée fidèle à son objectif principal d’élaboration et de transmission du corpus féministe à travers les cursus universitaires, son statut, par contre, comme les moyens et les stratégies pour l’atteindre ont considérablement évolué. Entre autonomie et intégration, entre dissidence et collaboration, Sophia refusera de choisir, poursuivant sa critique des savoirs androcentrés en même temps que son combat pour l’institutionnalisation des études féministes : il lui faudra à chaque fois décider et juger de la stratégie à suivre en fonction de la conjoncture mais sans jamais perdre de vue ce qui constitue sa raison d’être : agir dans et sur l’ordre symbolique pour transformer en profondeur les rapports inégaux entre les femmes et les hommes.

LES ÉTUDES-FEMMES ANNÉES 1990
Au moment de la naissance de Sophia, des chercheuses de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université libre de Bruxelles (ULB) créent le premier groupe d’études-femmes dans la partie francophone du pays XX alors que les universités flamandes comptent déjà deux centres de recherches interdisciplinaires en « vrouwenstudies », l’un à l’Université de Bruxelles (VUB) et l’autre à l’Université d’Anvers (UIA). Celle-ci offre également un cours postuniversitaire intitulé « Voortgezette Academische Opleiding (VAO) Vrouwenstudies ».
L’écart flagrant entre les deux communautés s’explique en grande partie par les contextes politique et idéologique radicalement différents dans lesquels surgit la vague féministe des années 1970 ainsi que par l’évolution, spécifique à chaque communauté, du mouvement des femmes et des rapports qu’il entretient avec les institutions (Plateau, 2001).
Du côté flamand, le parti majoritaire, le CVP (Christelijke Volkspartij), possède une structure permettant à des groupes d’intérêt d’exprimer leurs revendications, ce qui ouvrait une niche pour le féminisme. Ainsi naît le groupe Vrouw en Maatschappij fondé par Miet Smet, où se retrouvent des personnalités qui plus tard défendront les intérêts des femmes et soutiendront les recherches et enseignements féministes. Quant au mouvement des femmes, il rassemble, dès 1972, en un large réseau, des féministes issues aussi bien de groupes traditionnels au sein des partis politiques et des syndicats que de groupes alternatifs féministes. C’est le Vrouwenoverlegcomité (VOK) qui continue d’organiser chaque année la journée des femmes.
Féministes académiques, politiques et autonomes se côtoient donc et travaillent ensemble pour des projets ou objectifs communs.
Enfin, de 1985 à 1999, le soutien politique de Miet Smet, d’abord secrétaire d’État puis ministre fédérale de l’Égalité, va permettre le développement de la recherche féministe et ainsi déclencher le processus d’institutionnalisation des « vrouwenstudies » en Flandre. Ce sont en effet, les financements octroyés à la recherche orientée vers la décision politique (les études commanditées par la ministre pour développer ses politiques d’égalité) qui ont permis aux centres d’études féministes flamands d’assurer leur fonctionnement en l’absence de soutien des autorités académiques.
Rien de pareil en Communauté française où prédomine le parti socialiste pour lequel l’égalité des sexes ne constitue qu’un aspect particulier d’une question bien plus vaste, celle de l’égalité sociale.
De là la difficulté des commissions femmes des partis et des syndicats, encore perceptible à l’heure actuelle, à penser l’égalité en termes de rapports sociaux de sexe s’articulant aux autres rapports de domination (classe, origine ethnique etc.). En réalité, la plupart des femmes occupant des postes de responsabilité à cette époque au sein du Parti socialiste ou de la FGTB (Fédération générale du Travail de Belgique), étaient pétries d’universalisme et n’accordaient aucune priorité aux questions des femmes, persuadées – comme la syndicaliste Irène Pétry l’exprima un jour – que les femmes sont des hommes en politique.
De leur côté, les femmes appartenant aux nouveaux groupes féministes héritiers de la pensée libertaire de 1968 affichaient une défiance ouverte à l’égard de toute institution. Cette incompatibilité entre femmes dans et hors institutions a empêché la création comme en Flandre d’un réseau d’influence capable de soutenir les études féministes à l’intérieur même des universités.

C’est par conséquent, hors institutions, dans le mouvement des femmes, qu’émerge la réflexion féministe, au début des années 1970, avec les Cahiers du Grif, une « réflexion théorico-pratique qui se construit dans l’action et la déconstruction » (D’Hooghe, 2011, p. 23). La première série des Cahiers (1973-1979) est le fruit du travail collectif et militant de femmes qui réfléchissent ensemble à des questions peu légitimées par l’édition ou la recherche de l’époque (les discriminations que subissent les femmes dans le travail professionnel et ménager, la reproduction, la sexualité, la création etc.) et réalisent le travail de repérage et d’analyse qui caractérisera les études féministes ultérieures.
Chaque thème est abordé à partir de disciplines différentes et ancré dans le vécu que l’on soit intellectuelle ou pas, toutes étant posées à égalité dans ce savoir en construction. Les textes annotés, à plusieurs voix, désormais célèbres, épousent la pensée féministe telle qu’elle se tisse à l’époque, plurielle, imaginative, régénératrice.
Les Cahiers ont eu un impact indéniable sur la manière dont les savoirs féministes se sont constitués en Belgique francophone. C’est d’ailleurs en son sein que naît l’Université des femmes dont l’ironie du nom renvoie à la mission qu’elle s’est donnée, à savoir développer les études féministes inexistantes dans les universités francophones. Hedwige Peemans-Poullet, fondatrice de l’association, conçoit ces études comme la critique des savoirs existants, une critique qui selon elle :
   [...] suppose l’apport de connaissances dissidentes-féministes. Or, ces connaissances dissidentes, poursuit-elle, ne sont pas spontanément disponibles ou diffusables telles quelles. Il faut les construire, soit à partir de la production scientifique étrangère soit en innovant à partir du contexte belge. Cela suppose une articulation permanente entre les mouvements et les revendications des femmes, la construction scientifique et la diffusion des savoirs ainsi construits. (Debunne, 2004, p. 22)

C’est donc au sein du mouvement associatif, hors universités et quasi sans contact avec celles-ci, que se développent les premières études féministes. Il n’y aura pas, à ce stade, de passation de la pensée féministe dans les institutions universitaires via des enseignantes ou des chercheuses. Aucune des intellectuelles des premiers Cahiers et plus tard de la première équipe qui animera l’Université des femmes ne fera carrière dans des universités belges. La Belgique francophone se distingue donc par une coupure lourde de conséquences, jusque dans les années 1990, entre la réflexion féministe dans le milieu associatif et les rares études sur les femmes dans les universités. On ne s’étonnera donc pas que les quelques recherches commanditées par la ministre fédérale flamande n’aient pas eu en Communauté française les effets multiplicateurs avérés en Flandre, il faut y voir le résultat de l’absence dans la majorité des universités francophones de centres d’études féministes ou simplement de petits groupes de professeur-e-s ou de chercheur-e-s motivé-e-s par ces études.

L’écart entre les communautés se creuse encore avec le financement du Point d’appui « women’s studies » dans le cadre du programme fédéral de recherche en sciences sociales (1990-1994), qui a pour mission de récolter et disséminer l’information et la documentation sur la situation des femmes en Belgique. Alors que le point d’appui flamand commandait de nombreuses recherches dans les universités flamandes, encourageait la collaboration interuniversitaire et suscitait l’intérêt de la communauté scientifique en Flandre, le point d’appui francophone qui avait fait le choix de développer les aspects théoriques des études féministes, dut recourir à des chercheuses étrangères avec pour résultat un nombre restreint de recherches centrées sur la Belgique et le peu d’implication de collègues et d’étudiant-e-s dans ses activités. Il est clair que le Point d’appui francophone disposait de moins d’expertise et d’expérience dans le domaine des études féministes, il ne fut d’ailleurs pas établi en liaison avec un centre d’études féministes. Moins lié aussi au mouvement social, il était par là privé d’un relais privilégié vers l’ensemble des femmes qui lui aurait as-suré davantage de visibilité. On comprend dès lors pourquoi le Point d’appui francophone n’a pas développé de dynamique propre comme ce fut le cas en Flandre. Il faut attendre 2000 pour qu’une ministre francophone en charge de l’Égalité des femmes et des hommes, mène une politique qui aura un véritable impact sur le destin des études féministes en Communauté française.

Le décalage entre les deux communautés ne doit cependant pas occulter le fait que la continuité des recherches et enseignements féministes en Flandre est loin d’être assurée : ils reposent sur une bonne dose de bénévolat et bénéficient d’un soutien institutionnel fragile. Les Centres d’études féministes n’ont jamais été financés en tant que tels, seules les recherches leur ont permis d’exister. À cela s’ajoute le processus de réforme entamé suite à la Déclaration de Bologne qui a entrainé la suppression de certains cours à option, tel le cours d’initiation aux études féministes, parce que considérés comme non prioritaires. La précarité affecte donc les études féministes au Nord comme au Sud, comme cela sera confirmé en 2006 quand la ministre flamande de l’égalité cessera de financer la VAO vrouwenstudies, estimant que c’est aux universités de la prendre en charge (Sophia, 2006).

UN ESPACE DE LIBERTÉ
Dans le paysage académique qui vient d’être esquissé, Sophia occupe une place particulière. L’association y est présente puisqu’elle a en charge la rubrique « News from Sophia » dans la Newsletter du Point d’appui mais elle est profilée comme une association féministe, c’est-à-dire comme un élément exogène par rapport à l’université. Elle ne jouit à ce stade d’aucune reconnaissance dans le milieu académique. Tout l’agir féministe de Sophia consistera à offrir – hors université – des espaces de liberté pour que les femmes et les hommes qui le souhaitent puissent dialoguer, se confronter et même s’affronter à propos des études féministes, de leur définition, de leur pertinence scientifique et de leur utilité sociale. Ce sont les universités d’été, les colloques et plus récemment les soirées de Sophia qui ont fourni de tels espaces. Là sont nés et se sont déployés les réseaux qui se mobiliseront pour transformer les connaissances et les lieux qui les produisent.

De 1989 à aujourd’hui, la spécificité de Sophia a consisté à jeter des ponts entre les deux communautés linguistiques et à faire le lien entre le mouvement des femmes et les universitaires des « women’s studies ». Dès la première université d’été en 1991, Sophia invitait enseignant-e-s et chercheur-e-s dans le domaine des études féministes de tout le pays à présenter leurs travaux et à discuter des enjeux théoriques et pratiques de leur approche. Sur le thème « Femmes et société. Bilan de la recherche en Belgique », une trentaine d’intervenantes confrontèrent leurs points de vue. Elles étaient issues des deux communautés, du milieu associatif et académique et avaient en outre des conceptions et des connaissances très différentes du féminisme et des études féministes. Les pionnières se souviennent du hiatus entre le niveau élevé de connaissances du corpus féministe dans le milieu associatif face à l’ignorance de la plupart des universitaires en la matière.

De la même manière, la distance était grande entre les responsables de Sophia qui voyaient dans les études féministes un outil de remise en question radicale des savoirs constitués et les intervenantes aux colloques qui souvent se contentaient de prendre les femmes pour objet de leur recherche dans une perspective purement descriptive et dépourvue de dimension critique. Aux universités d’été succédèrent, à intervalles réguliers, les colloques sur le thème « Savoirs de genre, quel genre de savoir » dont l’intérêt était bien sûr de dresser l’état des lieux des études féministes en Belgique mais aussi de proposer des approches novatrices : thèmes de recherche abordés dans une perspective pluridisciplinaire – la violence, par exemple est éclairée par les travaux de juristes, sociologues et psychologues ; confrontation des références théoriques propres à chaque communauté par rapport à un sujet – la communauté flamande s’appuyant sur un corpus scientifique essentiellement anglo-saxon alors que la communauté française se nourrit surtout de travaux francophones ; confrontation des recherches d’universitaires et de femmes actives dans des associations d’éducation permanente.
L’hétérogénéité règne donc dans ces espaces de rencontre et les causes de divergences ne manquent pas.
À la naissance de Sophia, alors que certaines refusent ce qu’elles appellent les présupposés féministes qui empêchent l’approche scientifique (Grauwels, 1989), d’autres critiquent la pseudo-objectivité des savoirs et revendiquent le point de vue situé de Sandra Harding (Harding, 1986).

Quinze années plus tard quand le terme genre aura acquis droit de cité dans le monde universitaire XX, les interviews d’enseignantes et de chercheuses à propos de la dénomination « études féministes » ou « études de genre » révèlent toujours des réticences vis-à-vis de la dimension militante du féminisme (Sophia, 2004). Si la majorité des répondant-e-s utilisent le terme « études de genre », les arguments allégués en faveur de ce choix sont multiples, allant de « le mot genre n’a pas de connotation féministe, ni par conséquent militante » à « le genre est une catégorie utile d’analyse (Scott, 1988) qui permet de mettre l’accent sur la relation (asymétrique) entre les sexes ».
De même, l’unanimité ne s’est jamais faite sur la question de l’intégration ou de l’autonomie des études féministes : faut-il mainstreamer les disciplines ou créer des centres ou des Masters en genre ? La force de Sophia, c’est justement de n’avoir jamais voulu imposer un point de vue, une théorie ni une méthode. Quand bien même ses responsables défendent une conception radicale des études féministes comme en atteste sa présentation sur internet XX, Sophia a toujours prôné l’ouverture de manière à renforcer son réseau tout en permettant aux différences de s’exprimer et de stimuler la réflexion.

Le souci de préserver, renforcer, accroître le ou les réseaux de femmes et d’hommes sensibles à la question du sexisme des savoirs et du système universitaire, a été une préoccupation constante de Sophia. C’est pourquoi l’association s’est affiliée à plusieurs réseaux nationaux et internationaux. Elle participe au réseau européen WISE (Women’s International Studies Europe), puis s’impliquera activement dans Athena, le réseau thématique genre du programme européen Socrates qui s’est donné pour mission l’étude et la promotion de l’institutionnalisation des études féministes dans l’enseignement supérieur européen.
Grâce à ces contacts privilégiés au plan international, Sophia accueillera d’éminentes théoriciennes féministes comme Rosi Braidotti, Françoise Collin, Sandra Harding, Joan Scott, Judith Butler et d’autres moins connues telles Mieke Verloo ou Elsa Dorlin. Les conférences de ces chercheuses étaient essentielles pour Sophia car elles donnaient aux chercheur-e-s et enseignant-e-s des outils théoriques et méthodologiques utiles à leur travail.
Dans le même esprit, les soirées de Sophia organisées dans les années 2000 ont proposé des élé-ments de réflexion dans des domaines peu abordés dans les universités comme les théories postcoloniales et les théories queer. Ces soirées attirèrent un public de jeunes mémorant-e-s et doctorant-e-s en mal de nourriture intellectuelle féministe.
Soucieuses de transmission et conscientes des besoins concrets d’en¬cadrement théorique de cette jeune génération, les responsables de Sophia et de l’Université des femmes ont lancé, en 2008, le Groupe belge associatif et universitaire en Études féministes, de Genre et sur les Sexualités (Grabuges) XX cité dans le monde universitaire cité dans le monde universitaire cité dans le monde universitaire cité dans le monde universitaire pour pallier l’absence d’encadrement scientifique dans le domaine du genre dans les universités francophones.
Une fois de plus hors institution universitaire, quasi sans moyens mais avec le soutien logistique des deux associations, Grabuges organise, une ou deux fois par an, des ateliers méthodologiques et des séminaires où ces jeunes chercheur-e-s désirant intégrer une perspective féministe ou de genre dans leur travail, présentent leurs travaux.
Ces séances sont une expérience novatrice à un double titre. Novatrice d’abord dans la manière dont est approchée la question des disciplines et de la discipline. Qu’il s’agisse des étu-diant-e-s ou des enseignant-e-s, toutes et tous sont rattaché-e-s à des disciplines précises. Mais, dans l’espace Grabuges, les personnes participantes s’approprient des méthodologies pertinentes dans le domaine du genre, qu’elles pourront utiliser ou traduire quel que soit leur sujet ou quelle que soit la discipline. Elles y développent aussi des hypothèses de travail et des réflexions qui transgressent les frontières établies entre disciplines. À ce titre, Grabuges traite les études de genre comme une « discipline post-disciplinaire », selon l’expression d’une chercheuse danoise qui mettait l’accent sur le paradoxe des études de genre comme domaine disciplinaire propre et en même temps comme perspective intégrant l’ensemble des disciplines (Lykke, 2003).

Tout aussi novatrice est la pédagogie qui fonde les rapports entre étudiant-e-s ou doctorant-e-s et les enseignant-e-s plus chevronnées, expertes dans leur discipline : la transmission unilatérale de savoirs fait place à l’échange et au partage de connaissances entre personnes qui se respectent et se soucient les unes des autres tandis que l’évaluation et la compétition disparaissent au profit de l’écoute attentive et du soutien dans un esprit de co-construction des savoirs. Cette pédagogie féministe de la sollicitude, immédiatement perçue lorsqu’on participe aux journées de Grabuges, a énormément contribué à accroître le pouvoir individuel et collectif des femmes (et des hommes), leur puissance, leur capacité à faire réseau pour changer les mentalités au sein de l’université.

LE TRIANGLE DE VELOURS
Le souffle qui anime Sophia depuis 1989 ne se serait pas maintenu sans le soutien financier des institutions publiques. Ce sont celles-ci qui ont permis que se déploie l’énergie féministe capable de surmonter les obstacles, de développer des réseaux et de nourrir les forces réflexives et créatives.
Petit groupe informel, totalement autonome à l’origine, Sophia organise ses activités sans subside jusqu’à ce que l’élan révolutionnaire de ses pionnières en vienne à s’essouffler et que se dessinent des opportunités de collaboration avec les pouvoirs publics. Sophia passe alors à une pratique plus institutionnelle. Le contexte est favorable car sous la pression des Nations Unies puis de la Communauté européenne, la Belgique s’est doté de structures gouvernementales formellement chargées de promouvoir le statut et les droits des femmes.
Depuis 1985, une politique publique d’égalité des chances entre les femmes et les hommes s’est implantée au niveau fédéral, avec une secrétaire d’État – qui deviendra ministre – disposant d’un budget et d’une administration propres. Désormais les revendications féministes arrivent à l’agenda politique, pas toutes et pas n’importe lesquelles, mais le développement des études-femmes en fait partie car elles s’avèrent nécessaires pour inspirer et soutenir les politiques d’égalité.
C’est dans ce contexte de reconfiguration de l’État que Sophia va adopter de nouvelles stratégies, qui comme le souligne Sophie Stoffel :

   [...] ne relèvent pas uniquement de décisions internes, indépendantes du contexte, mais sont au contraire à appréhender dans le cadre des interactions de l’association avec d’autres agents issus du monde académique, du monde politique et du monde associatif, eux-mêmes en reconfiguration.  (Stoffel, 2004, p. 12)

Effectivement, l’association signe en 1995 une convention avec la ministre chargée de l’Égalité des chances qui marque le commencement de son processus d’institutionnalisation XX. Elle peut dès lors engager deux collaboratrices à mi-temps, l’une francophone, l’autre néerlandophone, pour assurer la réalisation d’un bulletin trimestriel. C’est le début d’une pratique de rela-tions et de collaborations informelles et formelles entre trois types d’actrices : les membres du Conseil d’administration de Sophia, les enseignantes et chercheuses des études féministes dans les universités et les femmes travaillant dans les structures politico-administratives des appareils char-gés de la promotion des femmes. Dans son étude de l’évolution du mouvement des femmes dans le cadre des politiques d’égalité au niveau international, Alison Woodward analyse les interactions entre ces trois pôles d’une figure qu’elle nomme triangle de velours :

   Le mot velours renvoie au fait que quasi tous les acteurs sont des femmes dans un environnement essentiellement masculin. […] Les pôles du triangle sont occupés par des fonctionnaires et politiciennes féministes (appelées fémocrates), des universitaires de confiance et des voix formellement organisées du mouvement des femmes. (Woodward, 2000, p. 285, ma traduction)

Sophia occupe une place un peu particulière dans le triangle puisqu’elle se situe dans le pôle mouvement des femmes en tant qu’asso¬ciation féministe mais par ailleurs, une partie toujours croissante de ses membres et administratrices appartiennent au monde académique. Cette intrication de relations a été bénéfique pour la reconnaissance de la légitimité de Sophia auprès des responsables politiques et administratifs des politiques d’égalité au niveau fédéral puis de l’enseignement supérieur aux niveaux communautaires. Certaines administratrices de l’association ont progressivement noué des contacts avec ces responsables.
De 2000 à aujourd’hui, une entreprise tenace de lobbying a été effectuée auprès des cabinets tant des ministres de l’égalité que de l’enseignement par les présidentes successives et certaines administratrices. Sophia allait bouleverser les certitudes, problématiser ce qui ne l’était pas ou relevait d’une évidence non interrogée comme la faible reconnaissance des savoirs féministes dans les universités et la sous-représentation des femmes aux fonctions élevées de la hiérarchie.
Au cours des quinze dernières années, l’association a fait preuve d’un grand pragmatisme pour parvenir à ce que le genre soit intégré structurellement dans le cursus académique, s’adaptant aux politiques, saisissant les opportunités, modulant ses stratégies en fonction des aléas contextuels. Il fallait tenir compte de la couleur politique et du rôle linguistique de la ministre et donc faire jouer l’une ou l’autre personnalité susceptible de faire avancer les dossiers ; prêter attention aux possibilités budgétaires (savoir par exemple si une queue de budget était disponible) ; entretenir des allié-e-s dans les cabinets et administrations et maintenir l’enthousiasme de bénévoles disposant de temps.

Plusieurs étapes ont marqué le processus d’institutionnalisation des études de genre.
La première étape ne concerne que la Communauté française avec l’arrivée, pour la première fois au poste de ministre fédérale chargée de l’égalité, d’une francophone. Aussitôt Sophia soumet à la ministre un projet de « chaire féministe dans les universités francophones » en arguant du retard de la Communauté française par rapport à la Flandre. C’est donc par le biais d’une « action positive » destinée à combler l’écart entre les communautés que Sophia obtiendra le financement de son projet. L’association pourra compter sur la bonne volonté de la ministre et surtout sur la présence dans son cabinet d’une conseillère entretenant de bonnes relations avec les responsables de Sophia mais elle sera confrontée à des contraintes car les délais sont courts (projet one shot d’un an à ULB, l’ULg et l’UCL en 2001, prolongé d’une année à l’UMH et aux FUSL en 2002) et le budget modeste (il couvre les honoraires d’une dizaine de conférencières invitées et quelques frais de secrétariat). Sophia dont l’atout principal et la seule véritable expertise réside dans la connaissance des réseaux d’études féministes, assume, dès le début, une fonction de coordination. Un petit groupe est constitué qui en un mois mettra au point le projet de chaire : un module de dix heures sur le thème du travail, donné par un-e professeur extérieure à l’université, experte en « travail et genre » qui s’intégrera dans un cours existant et donnera lieu à une évaluation.

Par la suite, des réunions mensuelles au cabinet permettront l’organisation pratique des modules (échanges d’informations, mise au point des programmes etc.). Elles rempliront une autre fonction : renforcer le réseau de per-sonnes engagées dans les études féministes tant à l’intérieur des institutions qu’entre celles-ci. Le projet « chaire » a d’ailleurs suscité la création de groupes ou réseaux interdisciplinaires et inter-facultaires dans les universités comme le FER ULg (Femmes, Enseignement, Recherche, ULg) à l’Université de Liège. La chaire féministe a certainement légitimé l’expertise scientifique féministe auprès de la communauté universitaire mais pas au point de convaincre les autorités académiques et la ministre de l’enseignement supérieur de poursuivre l’expérience.

Pour ne pas perdre le bénéfice du réseau à peine constitué, maintenir la mobilisation et surtout étendre l’action à tout le pays, Sophia déposa un nouveau projet en 2003.
Prudemment intitulé « mise en œuvre d’une approche de mainstreaming de genre dans les institutions universitaires belges », le projet, visant cette fois à combattre les inégalités entre les femmes et les hommes dans les carrières universitaires, tombait parfaitement dans les cordes de la ministre fédérale de l’égalité qui avait aussi l’emploi dans ses compétences. Sophia postulait que la sensibilisation aux inégalités sexuées dans les carrières académiques serait bénéfique à la reconnaissance des savoirs féministes. La mise en œuvre du projet gender mainstreaming, qui comprenait une journée d’étude internationale (Sophia, 2003), des sessions d’information et de formation dans les universités et une table ronde fédérale, exigeait davantage encore de pragmatisme que le projet de chaire féministe. Il fallait en effet travailler sans caution académique (la convention ne concerne cette fois que Sophia alors que les recteurs avaient été signataires de la convention chaire) et s’adapter à des contextes très différents d’une communauté à l’autre.
En Flandre, le conseil interuniversitaire flamand (VLIR) comptait déjà un groupe « Égalité des chances » en son sein et l’Université de Louvain (KULeuven) avait intégré une politique d’égalité entre les femmes et les hommes dans la gestion des ressources humaines alors que rien de tel n’existait en Communauté française.
Ce sont les sessions d’information et de formation destinées au personnel qui furent les plus fructueuses : largement suivies, elles rassemblèrent des publics émanant de différentes facultés, y compris de facultés de sciences et de médecine, ainsi que des administrations. Le domaine où se pense la question de l’égalité s’est donc élargi à des espaces non traditionnellement concernés par les étu¬des féministes. Par contre, les séances destinées aux autorités académiques (recteurs, personnes des conseils d’administration) avec deux expertes internationales en matière de gender mainstreaming furent annulées, signe du manque d’implication des recteurs par rapport à la question de l’égalité. Sophia espérait également – tel était l’objet de la table ronde fédérale – développer un réseau bicommunautaire pour l’égalité au niveau fédéral mais cette idée n’a pas rencontré d’écho.

Enfin, dernière étape vers l’institutionnalisation des savoirs de genre, Sophia obtient un financement de l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes afin de réaliser une « étude de faisabilité d’un master bicommunautaire et interuniversitaire en genre » (Sophia, 2011). Le paysage au Nord a changé : en 2006, la suppression de la formation complémentaire en genre citée plus haut provoqua dans le milieu des études féministes un électrochoc qui réveilla les énergies et stimula la mobilisation. Sophia pouvait cette fois défendre les études de genre en étendant son champ d’action au pays tout entier puisque désormais, les deux communautés linguistiques partagent la même précarité.
De 2009 à 2011, Sophia réalisa son étude en s’appuyant sur des grou¬pes de travail et un comité de pilotage réunissant des personnes actives dans le domaine du genre, des représentant-e-s des deux ministres de l’enseignement et des conseils interuniversitaires des deux communautés linguistiques. Il fallait montrer preuves à l’appui que la création d’un master ne relevait pas de l’utopie, n’aurait pas un coût démesuré et répondait à un besoin.

De là les quatre paramètres analysés dans l’étude. Le cadre légal tout d’abord afin de déterminer quels types de formation de deuxième cycle, quelles procédures de création de ces formations, quelles législations linguistiques étaient le plus favorables à l’établissement d’un master en études de genre. Ensuite, deuxième paramètre, l’offre existante d’enseignement en études de genre a été recensée (elle existe mais éparpillée), de même que le degré d’institutionnalisation de celles-ci ainsi que les thématiques abordées dans les deux communautés. Pour dégager les paramètres institutionnels, une étude de marché a été menée auprès d’étudiant-e-s et d’acteurs et actrices du monde du travail pour évaluer l’attrait et l’intérêt d’un master en études de genre. Cette étude a fait apparaître une demande forte de la part des étudiant-e-s qui se plaignent d’un manque cruel de formation et se voient souvent contraint-e-s d’aller chercher un enseignement ou un encadrement de qualité à l’étranger. Le monde du travail quant à lui a exprimé le besoin de cadres formé-e-s, d’expert-e-s capables de travailler avec une perspective de genre dans les entreprises, la politique ou le secteur social. Enfin, quatrième paramètre, les bonnes pratiques inspirées de la brochure « Tuning » sur les études de genre (Athena, 2010) qui atteste de l’existence au niveau européen de nombreux masters interuniversitaires dans ce domaine.
Pour conclure, l’étude de faisabilité décrit un projet de master aisément réalisable, fondé sur la création d’un tronc commun de cours sur le genre (cours théoriques et méthodologiques inexistants à l’heure actuelle) et sur l’offre de cours existants sous la forme d’un module de spécialisation. Cette formule devait permettre à des étudiant-e-s issu-e-s d’un large éventail de disciplines, sans nécessairement de connaissances préalables en genre, d’acquérir les fondements théoriques et méthodologiques nécessaires pour interroger leur discipline et l’articuler à d’autres. L’étude fut présentée publiquement à l’IEFH en la présence des ministres de l’enseignement supérieur des deux communautés qui déclarèrent soutenir le projet de master. La balle était dès lors dans le camp des autorités académiques.

Du côté flamand, les recteurs des Universités de Gand et de Bruxelles réagirent avec enthousiasme et invitèrent leurs collègues des autres institutions académiques à participer aux rencontres en vue d’un master. La commission Égalité des Chances du Conseil interuniversitaire flamand (VLIR) permit à un petit noyau d’académiques militantes de créer un groupe de travail afin de peaufiner le projet Sophia et de réaliser un travail de concertation et de collaboration fructueux entre les différentes universités flamandes. Ce travail fut approuvé par le comité d’accréditation des instances officielles et aboutit en février 2014 à la création d’un Master interuniversitaire en études de genre et diversité, enterrant définitivement le projet initial de Sophia d’un master interuniversitaire bicommunautaire.

Du côté francophone, il faudra à nouveau des initiatives politiques et un changement d’angle d’attaque pour mettre les autorités académiques en demeure d’agir pour l’égalité entre les femmes et les hommes et par ricochet pour l’intégration des études de genre. En 2014, le ministre de la fonction publique débloque un subside permettant de nommer des « personnes contact genre » dans les universités. Leur mission comprend entre autre l’établissement d’un état des lieux de la place des femmes et des hommes dans les carrières académiques et la promotion les études de genre. Suite au déblocage causé par cette intervention ministérielle, Sophia a pris l’initiative d’organiser en février 2014 une ultime réunion afin de relancer la question de la création d’un master en Communauté française. Lors de cette rencontre qui rassemblait des académiques, les personnes contact genre des universités, les représentant-e-s des ministres fédéraux et communautaires de l’égalité, de la fonction publique et de l’enseignement supérieur, toutes les personnes présentes ont plaidé d’une seule voix pour une mise à l’agenda aussi rapide que possible d’un projet de création de Master complémentaire interuniversitaire et interdisciplinaire en études de genre, à l’instar de la Flandre.
Finalement cette année, c’est au tour du ministre de l’enseignement supérieur de décider par décret d’inscrire au sein du plus haut organe de décision en matière d’enseignement supérieur (ARES) le Comité Femmes et Sciences qui a pour objectif de promouvoir et d’améliorer la participation équilibrée des femmes et des hommes aux carrières scientifiques et académiques. Les politiques étant acquis, un certain nombre d’acteurs et d’actrices universitaires convaincu-e-s et engagé-e-s, la dynamique enclenchée, Sophia en tant que mouvement associatif n’a plus de rôle à jouer dans le processus, désormais sur les rails, d’institutionnalisation des études de genre en Communauté française.

POUR UNE AUTRE UNIVERSITÉ
En un quart de siècle, le mouvement des femmes n’a pas perdu de sa vitalité en Belgique, contrairement à ce qu’en disent les médias ou celles et ceux désabusé-e-s qui restent accroché-e-s à l’image flamboyante du féminisme style années 1970. Bien au contraire, celui-ci a gagné non seulement le terrain des mouvements sociaux comme les grands mouvements féminins (Vie féminine, Femmes prévoyantes socialistes), cela nous le savions, mais il a aussi progressivement occupé le terrain académique. Sophia n’y est pas étrangère puisque tout son travail a constitué à développer, au sein d’un espace autonome, un réseau d’universitaires – je pense en particulier aux jeunes – convaincu-e-s de la nécessité d’un agir féministe sur leur lieu de travail. Telle est la grande nouveauté par rapport aux années 1990. L’université, ce bastion de la domination masculine, qui se croyait à l’abri de la contestation antisexiste de par ses règles de neutralité et d’objectivité, est enfin ébranlée par les forces critiques du féminisme. Elle apparaît comme ce qu’elle a toujours été sans le reconnaître : un champ de rapports de pouvoir. 

Quel est l’avenir des masters en genre ? Ces études conserveront-elles leur potentiel subversif ? Ou bien pourra-t-on « faire du genre sans être féministe » ? Nul ne le sait et c’est bien pour cela que Sophia garde toute sa pertinence. Hors institution, l’association a ouvert et maintient ouvert un espace de débat et d’expérience « où le fait de diverger n’empêche pas la solidarité mais plutôt la rend possible à travers ce que l’on est en train d’apprendre et de faire ensemble » (Puig, 2014, p. 14).
Un tel espace pourrait susciter l’innovation et aider à réaliser le vœu de Rosi Braidotti lorsqu’elle imaginait les études de genre comme un laboratoire où repenser la structure et la fonction de l’enseignement supérieur (Braidotti, 2002). En effet, face à la marchandisation des savoirs, les études de genre soutiennent la pertinence scientifique du lien entre les savoirs et les pratiques sociales. À la rigidité des structures disciplinaires des institutions académiques, elles opposent leur exigence de pluridisciplinarité.
Enfin c’est le concept même d’excellence qu’elles interrogent en dénonçant les biais sexistes de la recherche et en contestant les principes de base comme le refus du politique au fondement de l’activité scientifique ou encore l’investissement professionnel forcené que celle-ci requiert au mépris de toute vie privée. Sophia a donc toujours un rôle à jouer pour faire exister ce laboratoire et pour que la réflexion sur le genre mène à une réelle transformation des sa-voirs et participe à la construction d’une culture commune.



© Nadine Plateau, 2016


* Références

Braidotti (Rosi), « ATHENA and Gender Studies », dans Luisa Passerini, Dawn Lyon et Liana Borghi édit., Gender Studies in Europe. Florence, Robert Schuman Centre, European University Institute/UNIFI, 2002, p. 31-55.

Collin (Françoise), Je partirais d’un mot. Le champ symbolique. [Villenave-d’Ornon], Fus-art, « Textes femmes », 1999.

Debunne (Sandrine), « Études féministes / Études de genre en Communauté française : le passé, le présent, le futur », dans Bulletin de Sophia, n° 40, 4e trimestre, 2004, p. 16-22.

D’Hooghe (Vanessa), « Un historique des Cahiers du Grif ». dans Penser et agir la différence des sexes. Avec et autour de Françoise Collin. Bruxelles, Sophia, 2011, p. 22-34.

Grauwels (Anne), « Du côté néerlandophone », dans Chronique féministe, Université des femmes, n° 32, juillet-août 1989, p. 12.

Harding (Sandra), The Science Question in Feminism. Ithaca et London, Cornell University Press, 1986.

Lykke (Nina), « Women’s/Gender/Feminist Studies, a Post-Disciplinary Discipline ? », dans Rosi Braidotti et alii édit., The Making of European Women’s Studies, vol. 5, Athena, 2003, p. 91-101.

Plateau (Nadine), « Des women’s studies aux études de genre : féminisme, savoir et changement social », dans Cahiers Marxistes, n° 220 novembre-décembre 2001, p. 127-139.

Puig (Maria), Les Savoirs situés de Sandra Harding et Donna Haraway. Science et épistémologies féministes. Paris, L’Harmattan, 2014.

Scott (Joan W.), « Le Genre, une catégorie utile d’analyse historique », dans Cahiers du Grif, vol 37, n° 1, 1988 ; en ligne, consulté le 9 août 2016 : http://www.persee.fr/doc/grif_0770-6081_1988_num_37_1_1759

Scott (Joan W.), La Citoyenne paradoxale : les féministes françaises et les droits de l’homme. Paris, Albin Michel, 1998.

Sophia. « À quand l’égalité f/h ? Plaidoyer pour une autre université. » Actes de la Journée d’étude du 25 avril 2003.

Études féministes / études de genre en Belgique 2004, dans Bulletin de Sophia, n° 40, 4e trimestre 2004.

« Lettre ouverte aux recteurs des universités flamandes », sur le site de Sophia, 2006, consulté le 17 août 2016 :
http://www.sophia.be/index.php/fr/pages/view/1179

Stoffel (Sophie), « Sophia, un enjeu à la croisée des militantes et des institutions », dans Bulletin de Sophia, n° 40, 4e trimestre 2004, p. 8-15.

Woodward (Alison), « The Macdonaldization of the International Women’s Movement : Bad Aspects of Good Practices », dans Actes du colloque Études féministes en Belgique : 1997-2000 / Akten van het colloquium Vrouwenstudies in België :1997-2000. Bruxelles, Sophia, 2000, p. 379-393.




Notes

  1. L’appellation « women’s studies » désigne un champ interdisciplinaire d’études académi¬ques dans le monde anglo-saxon qui a pour objet les femmes, la sexuation ou encore les inégalités entre les femmes et les hommes.
  2. Les Cahiers du Grif, première revue féministe francophone internationale, paraissent de 1973 à 1978 en Belgique puis de 1980 à 1997 en France. Tous les numéros sont disponibles sur le site Persée : http://www.persee.fr/collection/grif (consulté le 9 août 2016).
  3. Le terme « études-femmes », traduction littérale de « womens’ studies », ne fut guère usité dans les milieux académiques. On lui préféra l’appellation « études féministes » ou « études féministes et sur les femmes » qui fut remplacée dans les années 1990 par « études de genre ». En Flandre, la traduction « vrouwenstudies » s’impose jusque dans les années 2000 où le terme « genderstudies » se généralise.
  4. Le concept anglo-saxon de gender, forgé par Stoller en 1968 pour distinguer le sexe social du sexe biologique et repris par Oakley en 1972 dans un contexte féministe, a été importé en Europe dans les années 1990 via les grandes institutions internationales.
  5. Voir le site http://www.sophia.be/index.php/fr/pages/view/1325 (consulté le 9 août 2016).
  6. Voir le site http://www.sophia.be/index.php/fr/pages/view/1325 (consulté le 9 août 2016).
  7. Grabuges qui a été reconnu en 2010 comme groupe de contact FNRS consacré au genre, est actuellement un peu victime de son succès. Le bénévolat ne suffit plus à répondre à la de-mande et la relève n’est plus assurée
  8. Cette convention sera renouvelée plusieurs fois jusqu’en 2003 quand Sophia voit son expertise reconnue par l’octroi d’un subside récurrent de l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes (IEFH).

Metadata

Auteurs
Nadine Plateau
Sujet
La naissance des groupes féministes en Belgique
Genre
Essai histoire sociale
Langue
Français
Relation
Revue Cahiers internationaux du symbolisme, "Genres", n° 143-144-145, 2016
Droits
© Nadine Plateau, 2016