Le documentaire « Marquis de Wavrin, du manoir à la jungle »
Dimitra Bouras
Texte
Rencontre avec Grace Winter et Luc Plantier
Cinergie : Le Marquis Robert de Wavrin (1888-1971), ethnologue et cinéaste, est un personnage méconnu. Comment l’avez-vous connu et comment êtes-vous tombés sur toutes ces images d’archives ?
Grace Winter : Je travaille à la cinémathèque et mon boulot consiste à visionner les documentaires d’avant 1960 qui font partie de notre collection et de les décrire de manière à les rendre accessibles à des chercheurs et à des réalisateurs qui ont besoin d’extraits.
Un jour, j’ai eu le coup de foudre pour « Au Pays du Scalp » (1932) et pour ce cinéaste que je ne connaissais pas.
C’était pour moi le début d’une longue recherche de dix ans sur le Marquis de Wavrin.
J’ai regardé ses autres films, participé à la reconstruction d’un film perdu et pris contact avec son fils qui m’a permis de consulter les archives familiales.
Il n’existait sur lui qu’un travail de fin d’études d’une étudiante de Louvain, un document très précieux de 1989, à caractère essentiellement biographique. C’était donc une base utile pour moi, mais c’est pratiquement la seule chose qui existait sur lui. On mentionne parfois qu’il a écrit pas mal de bouquins. Mais en fait, il est complètement inconnu. Enfin, pas inconnu, plutôt complètement oublié !
C. : Pour quelles raisons avez-vous été séduite par ses films ?
G.W. : Le cas du Marquis de Wavrin constitue un point de rencontre entre mes deux intérêts majeurs : j’ai un passé d’ethnographe et je suis très cinéphile. J’ai distribué des films d’art et essai pendant 20 ans (Progrès Films) et je travaille à la cinémathèque.
« Au Pays du Scalp », c’est la rencontre de ces deux choses. C’est un document ethnographique extraordinaire et même pour quelqu’un qui n’a pas étudié le cinéma, c’est cadré de manière magnifique. Ça crève les yeux, ce film !
C. : En tant que cinéaste, il a apporté des images et des témoignages. En tant qu’ethnographe aussi. Est-ce que ces images ont été utilisées par les anthropologues ?
G.W. : À l’époque, oui. La raison pour laquelle il a été oublié, c’est qu’après son 4e film, en 1938, il avait le grand projet d’aller découvrir les sources du fleuve Orénoque, mais ce projet a avorté. Après ça, la guerre a éclaté.
Pendant la guerre, il n’y a eu aucune activité mais après, il y a eu un véritable essor du cinéma d’exploration. D’abord en noir et blanc et très vite après, en couleur. Le concept de ses films a été complètement perdu par rapport à cette nouveauté.
Il a arrêté de filmer parce que son épouse ne voulait plus quitter la Belgique. C’est comme ça qu’il a sombré petit à petit dans l’oubli. Jusqu’à sa mort en 1971, il n’a plus été très actif, il ne faisait plus que des conférences.
Ici, en Belgique, même dans les milieux « spécialisés », plus personne ne le connaît. J’espère qu’il sera enfin reconnu à sa juste valeur grâce au coffret dvd (prévu pour décembre 2017) qui regroupera notre documentaire et quatre de ses films.
Les extraits descriptifs des habitudes, des manières de se vêtir, de la vie quotidienne sont extrêmement précieux et rares parce qu’il existe très peu de documents aussi anciens sur les jivaros, par exemple. Des photos, oui, mais pas de films !
C. : Quelles ont été les différentes étapes du travail de votre travail, Luc, en tant que monteur dans l’élaboration du documentaire ?
Luc Plantier : Nous disposions de deux matériaux : les films originaux et des bobines de rushes, de prises alternatives qui n’avaient jamais été utilisées auparavant. L’idée était que si nous utilisions un extrait de film, nous devions le montrer exactement comme il aurait été utilisé par le Marquis dans ses propres films.
Nous utilisions cette matière pour monter des séquences en fonction des besoins de la narration du film.
Ça a été une collaboration très étroite avec la Cinémathèque Royale de Belgique qui nous a fourni ce matériau. Ils ont réalisé des scans de ces pellicules, que j’ai utilisés dans le montage, qui a ensuite été finalisé chez Cobalt, le studio de masterisation/étalonnage.
Tout ce qui concerne la remasterisation de la matière a été réalisé par la cinémathèque elle-même.
Grace Winter avait écrit un scénario avec différentes intentions, différents chapitres, que nous avons mis en place dans un premier temps pour voir si ça fonctionnait d’un point de vue narratif. Ensuite, nous avons affiné tout ça. Certains chapitres ont disparu ou ont été combinés.
En termes de montage, le travail a consisté à utiliser les images de la façon la plus magnifique possible – toutes ces images le sont vraiment ! – afin de les transmettre aux spectateurs par le biais de l’histoire du Marquis de Wavrin.
G.W. : Nous avons convenu de ne pas altérer les extraits en tant que tels. La seule liberté que nous nous sommes permis de prendre, c’est d’enlever les commentaires qui accompagnaient ces images dans les films originaux. Parce qu’il y avait souvent une contradiction entre l’image et le texte dans les films du Marquis, c’est là la grosse difficulté du genre.
Autant l’image était pure, témoignait d’une grande authenticité et montrait l’approche très complice du Marquis par rapport à ce qu’il filmait, autant le commentaire, écrit en Belgique avec la mentalité des années 1930, s’avérait souvent superficiel, avec des plaisanteries idiotes et des termes inacceptables de nos jours, que le Marquis avait sans doute dû accepter, j’imagine, par impératif commercial.
Par exemple, il y a une très jolie scène avec des petits garçons assis par terre, en train de fumer, accompagnée de ces mots : « Ah, petits gamins, vous avez l’air bien sérieux ! On dirait une assemblée de magistrats ! »
En enlevant ce genre de commentaires, une grande poésie et une grande tendresse ressortent des images. Nous nous sommes donc permis de le faire, pour lui être fidèles, pas infidèles.
C. : Dans ses films, on découvre des peuples mais également la nature, les animaux... C’est très impressionnant de voir le plaisir qu’il a eu à les filmer, sa fascination sincère !...
G.W. : Dans certains de ses textes, il explique qu’il est complètement conscient que c’est une nature et des peuples amenés à disparaître. Il veut en être le témoin, il le répète à longueur de livres. « Il faut aller chez eux maintenant, étudier leurs mœurs, leurs coutumes, etc. avant qu’ils ne soient atteints par la civilisation. »
Peut-être que le contact avec des gens aussi près de la nature, qui s’y adaptent et la respectent, a provoqué chez lui une prise de conscience qu’il n’aurait jamais eue s'il était resté en Europe. On ressent cette admiration dans ses textes. Je regrette qu’on ait dû couper certaines scènes pour arriver à une durée d’1 h 25.
Par exemple, le Marquis était fasciné par la manière dont les Indiens fabriquent des ponts en lianes, extrêmement solides, résistants aux tempêtes, aux orages, à toutes les intempéries de la forêt vierge. Nous avons vu de longues séquences à ce sujet. J’aurais voulu les conserver mais les exigences du récit et du montage ont fait que nous ne pouvions pas tout montrer.
L.P. : De ce point de vue-là, notre film s’attache vraiment au Marquis en tant que cinéaste.
Beaucoup d’autres aspects de sa vie et de son œuvre sont à peine évoqués, voire pas du tout : l’écriture de ses livres, de ses articles, ses conférences, les expositions des objets qu’il a ramenés… tout ça n’apparaît pas dans le film ! Ce n’est pas un film exhaustif sur sa vie, nous cherchons plutôt à préciser et à mettre en avant le rapport filmique et photographique qu’il a pu avoir avec les populations rencontrées en Amérique du Sud, qui l’ont fasciné et avec lesquelles il a passé 15 ou 20 ans de sa vie.
C. : Les passages sur la censure de l’époque sont passionnants. Vous avez apparemment retrouvé des rushes qui avaient été coupées de ses films et vous les avez réinsérées. J’imagine qu’à chaque fois que vous ouvriez une boîte, vous vous demandiez sur quels trésors vous alliez tomber…
G.W. : Ce n’est pas tout à fait comme ça que ça s’est passé. En fait, le professeur Daniel Biltereyst, spécialiste de la censure qui est en contact constant avec la cinémathèque, nous a fourni au début du projet la liste des extraits censurés dans un des films du Marquis. Ce n’est que plus tard que quelqu’un m’a signalé que nous disposions d’une copie de travail dans laquelle il n’y avait pas ces coupes.
J'ai regardé cette copie en accéléré et elle contenait effectivement les scènes censurées dans la copie sortie en salle. Le texte du rapport de la censure parlait d’un plan d’une femme en train d’allaiter un singe (trop choquant), un autre avec une jeune fille sortant de l’eau (trop érotique)… Les journaux de l’époque faisaient mention d’une longue séquence d'ivresse qui avait été coupée et que nous avons également retrouvée. Les journaux avaient mis cette scène en rapport avec la loi sur la répression de l’ivresse, donc en 1939, la presse signalait déjà les raisons des coupes.
C. : Ce film est un témoignage, non seulement de la vie du Marquis, mais de toute une époque, de toute une réalité, pas seulement en Amérique latine mais européenne également !
G.W. : C’est un commentaire que j’ai entendu à de nombreuses reprises, notamment par mes collègues de la cinémathèque : « Quel magnifique témoignage sur une époque ! »… Mais moi, j’étais tellement prise dans le film, que je ne l’ai pas ressenti comme ça. Pendant toute cette recherche, je ne me rendais pas compte à quel point c’est un document d’époque. J’étais focalisée sur le Marquis, sur ce qui le motivait, ce qu’il ressentait dans les rares fois où il parlait à la première personne. Le film est construit sur des passages où il parle de lui, de son travail et de ses sentiments.
Certaines personnes pensent qu’il a écrit 4 tomes de mémoires, mais ce n’est pas du tout le cas !
Il a vraiment fallu creuser pour trouver les témoignages dans lesquels il parle de lui. Je pense que ce qui est dans le film représente 90 % de ce qu’il a écrit sur lui-même. Il a publié une vingtaine de livres scientifiques et d’aventures dans lesquels il décrit, analyse et raconte ses aventures extraordinaires. Si le film donne l’impression que c’est un témoignage sur l’époque, c’est surtout parce que les images parlent d’elles-mêmes.
L.P. : Nous voulions raconter l’histoire d’un homme inscrit dans son temps mais ce n’était pas la priorité.
Ce qui était important, c’est qu’on se rende compte de la particularité de son travail et de sa relation avec les populations qu’il a rencontrées, qui étaient tout à fait extraordinaires à une époque où on considérait les Indiens comme des sauvages qu’il fallait civiliser. Le Marquis a eu une approche qui s’est affinée petit à petit – ce n’est pas venu d’emblée – qui lui a permis de photographier et de filmer de mieux en mieux, avec de plus en plus d’empathie.
C’est ce que nous essayons de retranscrire dans le documentaire.
L’ancrage dans l’époque est presque obligatoire parce que ce sont effectivement des images de cette époque.
J’ai pris un grand soin à ce que ces images soient visibles avec l’œil d’aujourd’hui tout en respectant l’époque, c’est-à dire que, par exemple, j’ai tenu à ce qu’elles défilent à la bonne vitesse, ce qui est très rare.
C’est un élément auquel je tenais beaucoup, qui a été compliqué à mettre en place techniquement mais qui fait qu’on est vraiment pris par ces images.
Quand on regarde des films d’archives, on a souvent quelque chose qui est filtré par cette question de la vitesse parce que les images vont toujours trop vite.
Notre film donne cette impression de réalité à laquelle on n’est pas habitué, parce que pour une fois, on voit les images à la bonne vitesse.
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C. : Vous avez réalisé un important travail d’accompagnement musical.
L.P. : Nous avons évoqué la question de la musique très tôt dans le montage. Parce que nous savions dès le départ que le film allait être constitué de photos et de matériel iconographique des films, de plusieurs voix off, de très peu de commentaires et pas du tout de montage son. Nous savions donc qu’il y aurait une place fondamentale pour la musique.
Nous avons eu la chance de collaborer avec Hughes Maréchal, qui fut pendant très longtemps l’un des pianistes accompagnant les films muets à la cinémathèque et qui a également composé plusieurs musiques de films pour des éditions dvd.
J’avais déjà travaillé avec lui sur des projets précédents. Hughes est arrivé très tôt pour voir un premier montage assez balbutiant d’une vingtaine de minutes qui lui a donné tout de suite une idée de ce que nous cherchions. Très tôt, il nous a fourni des thèmes, des instrumentations et des musiques.
Avec Grace, nous avons également réfléchi à des musiques qui pouvaient être des influences, qui serviraient à alimenter ses compositions : soit des éléments qui pourraient être véritablement dans le film, soit des musiques complémentaires. C’était un travail assez conséquent.
G.W. : Cette musique est tellement extraordinaire que tout le monde la remarque, ce qui n’est pas le cas de la plupart des documentaires ! Au point où parfois, quand la projection est terminée, avant même de commenter le film, les spectateurs nous demandent s'il y a un cd de la musique.
C. : Le documentaire sera projeté prochainement au Paraguay...
G.W. : Le Marquis a une histoire particulière avec le Paraguay.
C’est pour ça qu’il y aura un événement patronné par le ministère de la culture de ce pays au mois de septembre 2017. Notre film sera montré, mais ce qui les intéresse surtout, ce sont les films du Marquis. Le premier film du Marquis se déroule essentiellement au Paraguay. Il y était déjà allé avec son appareil photo et il y est retourné avec la caméra Gaumont qu’il a utilisée pour la première fois en 1919. Il a parcouru tout le pays et a témoigné de sa physionomie en 1919. De ce fait, il est considéré comme le tout premier cinéaste du Paraguay ! Ici, il reste complètement méconnu mais là-bas, on retrouve sa trace dans quatre ou cinq ouvrages importants sur le cinéma paraguayen.
En 2010, la conservatrice de la cinémathèque de Belgique, Gabrielle Claes, a offert à l’ex-consul honoraire de la Belgique au Paraguay, un dvd comprenant douze minutes d’extraits de ce film intitulé simplement « Le Paraguay » (1924). Ce morceau de 12 minutes a fait sensation là-bas, il a été couvert par toute la presse paraguayenne. Un titre de journal indiquait « Le premier film du Paraguay a été tourné par un Belge ».
Quand j’ai commencé à avoir des contacts avec le Paraguay, j’ai compris que, dans leur optique, ils parlaient de quelqu’un de très connu. Alors qu’ici, quand je parlais de mon film sur le Marquis de Wavrin, personne ne savait de qui je parlais ! Maintenant qu’ils savent que le film reconstitué fait 40 minutes, ils sont impatients de le voir. Le film montre le Paraguay de l’époque, avec les plantations de canne à sucre, les champs de tabac, l’élevage, les ranchos, etc. Tout ça n’existe plus aujourd’hui !
C’est donc un morceau filmé de leur histoire qui leur est présenté.
Il y a notamment un passage sur une population du Brésil, au nord du Paraguay, qui a complètement disparu de la planète. Ce sont les Paresi, qui ont été exterminés et dont la vie dans la jungle était devenue impossible quand celle-ci est devenue une plantation d’hévéas ou une exploitation de pétrole.
Le Marquis leur a rendu visite, les a filmés et ce sont les seules images animées qui existent de ce peuple, des images magnifiques ! Il y a aussi ses photographies, mais rien d’autre… Le Marquis est le seul à les avoir filmés, à avoir montré comment ils se conduisaient, comment ils étaient habillés – ou plutôt pas habillés, puisqu’ils vivaient nus, avec énormément de parures…
G. W. et L. C. : Cela tient presque du miracle que ces images aient été si bien conservées !
G.W. : Il est important pour la cinémathèque que ce travail soit reconnu et apprécié. À quoi sert une cinémathèque ? Elle est souvent le réceptacle de choses qui au moment-même paraissent sans importance, mais qui par la suite, avec le recul, deviennent des documents irremplaçables. Le fait que la cinémathèque ait gardé ces 50 boîtes de rushes est inestimable !
Les jeunes qui voient les films du Marquis ne se rendent pas compte des efforts qu’il a fallu pour que ces images arrivent jusqu’à nous ! D’abord, il y avait cette caméra et son trépied qui pesaient 40 kg. Il y en avait deux, donc c’était deux fois 40 kg à trimballer dans la jungle. Et les films à cette époque étaient en bobines de 3 minutes. Il fallait donc recharger les caméras constamment.
S'il filmait une cérémonie, il filmait pendant trois minutes, devait leur demander d’arrêter la cérémonie, changeait de bobine, leur disait de recommencer, puis de s’arrêter de nouveau, et ainsi de suite. Mais parfois, la cérémonie ne s’arrêtait pas. Le temps qu’il enlève la bobine et qu’il en mette une nouvelle, il y avait des trous dans le déroulement. C’est d’ailleurs pour ça qu’il avait deux caméras, pour pouvoir enclencher plus rapidement.
Lorsqu’il les montrait en train de tisser ou d’enlever les écorces des arbres pour faire du tissu, il pouvait leur demander de recommencer autant de fois qu’il le souhaitait.
Mais il devait néanmoins s’habituer à ce rythme des 3 minutes.
La bonne chose avec ça, c’est que parfois, il laissait la caméra tourner les 3 minutes, et ses films sont souvent faits de longs plans-séquences.
C’est très novateur, mais très différent des films de notre époque qui sont montés avec des plans beaucoup plus courts.
Après, il faut se demander comment tout ça nous est parvenu jusqu’ici en Belgique!
On l’imagine dans la brousse, au milieu des moustiques, de la chaleur, des pluies, etc.
Il fallait qu’il conserve toutes ses bobines jusqu’à la prochaine fois où il visitait une ville. Or, il n’y allait pas souvent, parce que retourner en ville à partir de l’endroit où il se trouvait était toujours une expédition ! Donc, il enroulait ses bobines du mieux qu’il pouvait et une fois en ville, il les faisait développer puis les envoyait au fur et à mesure en Belgique ou en France.
C’est tout un long périple pour que cette matière première, qu’il devait ensuite monter, arrive jusqu’à nous !
On n’y pense pas mais c’est un véritable tour de force ! Sans compter qu’il y avait également pas mal d’images sur ou sous-exposées, mais pas dans les rushes que nous possédons. Tout ce qui n’était pas utilisable a sans doute été jeté mais ça représente aussi beaucoup de film !
Dans le documentaire, nous avons gardé quelques images dans la pénombre, en dessous des grands arbres, parce que c’est une belle scène où un Indien lui donne à boire. Mais c’est vrai qu’il n’a rien pour éclairer et qu’il fait sombre !
Quand on sait tout ça, le fait que ce soit arrivé jusqu’à nous avec cette qualité d’image rend l’œuvre du Marquis de Wavrin encore plus impressionnante.
C. : La Cinémathèque regorge de trésors. Il reste peut-être encore plein d’autres films à redécouvrir...
G.W. : Peut-être, oui. Mais il nous faudrait les moyens d’engager du personnel et d’autres types de budgets que ceux qui nous sont alloués !
Ça fait 10 ans que je suis occupée à visionner des films d’avant 1960. Les films belges d’avant 1960 ont tous été regardés, mais il en reste plein d’autres.
Il faudrait pouvoir les visionner tous. Il y en a pas mal dont nous connaissons juste le titre, et qui n’ont jamais été vus !
De temps à autres, je trouve encore un film rare, mais pas belge – plutôt des films allemands ou anglais.
Il y aurait un passionnant documentaire à faire sur le travail d’une cinémathèque !
Nous sortons régulièrement des dvds de films restaurés. C’est un tout autre travail, aussi important.
Nous travaillons également sur une compilation de films sur le patrimoine, à chaque fois sur un sujet particulier. Il y en a déjà une dizaine : un sur l’agriculture, un autre sur les chemins de fer, etc.
C’est un moyen de conserver la mémoire visuelle de notre patrimoine.
C’est un travail qui est aujourd’hui possible parce que ces films dont personne ne mesurait l’intérêt, ont été entreposés à l’époque dans nos voûtes réfrigérées.
© Dimitra Bouras, 2017