Déconnectés, reportage et documentaire

Diffusé originalement sur Auvio be (RTBF), Déconnectés est le projet personnel du journaliste Valéry Mahy.
Si le ton utilisé dans l’introduction répond aux codes d’un reportage télévisuel, les images qui ouvrent ce documentaire apportent une touche artistique indéniable.
La parole est donnée aux habitants opposés au projet que certains appellent désormais le «drame de l’autoroute de Brûly».

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En posant le choix de n’interroger que les laissés pour compte du village, Valéry Mahy met en lumière l’effet dévastateur de la construction d’autoroutes sur le monde rural. Des «Brûly», il en existe partout où une autoroute fut construite sans prise en compte des réalités locales.

Le petit village de Brûly, situé en plein milieu de la forêt ardennaise près de Couvin, s’est retrouvé coupé en deux avec un impact social important sur la vie de ses habitants et habitantes impuissants et perdus face à des décisions politiques.

Le reportage s’étale sur de nombreux mois et les images de la construction de l’autoroute ainsi que plusieurs témoignages permettent de comprendre le désastre écologique et social provoqué par ce projet dans la région.

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La volonté de donner la parole à plusieurs intervenants sans structurer le propos autour de questions précises apporte un peu de confusion. L’apparition de Dodo la saumure qui aborde des questions liées à la prostitution, ainsi que les propos d’ouvriers roumains travaillant dans la région s’écartent du sujet principal.
Le réalisateur a probablement voulu montrer que les autoroutes favorisent le déracinement des individus en quête de mieux et que ces personnes sont également déconnectées de leur environnement et pays d’origine. Cette mise en parallèle apporte-elle vraiment un plus au propos principal? Rien n’est moins sûr.

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L’intérêt majeur de Déconnectés reste son message écologique fort et l’originalité du sujet, la construction de route et son impact environnemental.
Une autre dimension marquante de ce documentaire est le questionnement de nos modes de vie et du rythme effréné que les normes sociétales imposent aux gens.

Il faut toujours aller plus vite. Des formules comme «Le temps, c’est de l’argent» sont devenues des principes universellement répandus de nos jours. Sommes-nous tous conditionnés à nous comporter comme Monsieur Lapin dans Alice au Pays des Merveilles?


Sans véritablement apporter de réponses ou de solutions aux problèmes rencontrés et aux questions posées, Valéry Mahy a eu le mérite de donner la parole à celles et ceux qui sont le plus durement touchés par la destruction de son village d’enfance.

À l’heure où les rapports du GIEC mettent en garde sur l’urgence et la nécessité de mesures radicales pour contrer la crise climatique, un projet de ce type qui permet de gagner deux minutes sur 14 km a-t-il vraiment une raison d’être?

© Malko Douglas Tolley, revue Cinergie be, Bruxelles, 22 mars 2022

Déconnectés a été programmé dans le cadre du festival «À travers champs» du 3 mars au 3 avril 2022 dans différents lieux en Belgique