© 2015, Josse Goffin, Regard à gauche

Fondation Chantal Akerman. Entretien avec Céline Brouwez

Céline Brouwez
,
Fred Arends
,
Cyril Desmet

Texte

[Condensé de l’interview filmée et transcrite de Céline Brouwez, Coordinatrice de la Fondation Chantal Akerman, le 4 avril 2024 ] v. note 1



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Matérialisant le désir
de la réalisatrice belge de voir son travail préservé et pérennisé, la Fondation Chantal Akerman fut créée en 2017.

Chantal Akerman avait jeté les bases de cette fondation. Et elle souhaitait que cette Fondation se fasse en collaboration avec la Cinémathèque Royale de Belgique. Il y a en effet une longue histoire, une longue tendresse, entre la Cinémathèque et Chantal.

Elle venait à la Cinémathèque en tant que cinéphile, à la fin des années 1960. Elle avait dans la figure de Jacques Ledoux, figure historique de la Cinémathèque, rencontré un homme qui l'a toujours stimulée en tant que cinéaste et en tant que personne. Relation d'amitié, relation professionnelle, volonté de conservation. Dès le début Jacques Ledoux voulait préserver les films de Chantal Akerman, s'inquiétait des formats et des négatifs, et la soutenait.

Tous les conservateurs suivants ont joué un rôle important lorsqu'elle fut une cinéaste confirmée. Elle a notamment fait un film, Rue Mallet-Stevens (1986), qui est une demande de soutien pour cette institution.



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En 1996, quand il y a eu la première installation, D'Est, présentée à Bozar, la Cinémathèque faisait en même temps une première grande rétrospective, comme celle présentée en 2024. Mais ses films étaient plus éparpillés.

En 2013, Chantal Akerman avait déjà débuté la restauration de ses films avec la Cinémathèque [renommée Cinematek] et elle leur a confié ce travail commencé avec Hôtel Monterey (1972).

Elle a suivi les étapes de ses premiers films avec Saute ma ville (1968); News From Home (1977); Je, Tu, Il, Elle (1972) jusqu'à Jeanne Dielman, 23 Quai du Commerce, 1080 Bruxelles (1975).

Ce travail se poursuit avec ses collaborateurs, avec ses proches, les directeurs de la photographie, les techniciens du son, etc.
La Fondation s'entoure de toutes ces personnes pour pallier son absence.



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Pour l’exposition à la Fondation [Chantal Akerman, A Lasting Heritage, du 8 septembre 2023 au 7 septembre 2024] v. note 2, je voulais vraiment rejoindre la ligne directrice Voir Chantal Akerman au travail, de Laurence Rassel, Commissaire de l’exposition «Travelling-Chantal Akerman» à la Cinematek–Bozar [du 15 mars au 21 juillet 2024] v. note 3.

D'ailleurs le sous-titre de notre exposition est «Chantal Akerman en création».

Il me tenait à cœur de ne pas faire une simple rétrospective 1967-2015, mais d'intégrer tous ces films d’autres réalisateur.trice.s qui ont été cruciaux pour elle, qui l'ont accompagnée: des films qui lui ont permis de s'éloigner de la fiction, comme le cinéma expérimental, des films qui ont marqué son travail à tout jamais.

Ensuite nous avons fait tout le travail pour retrouver ce qu'elle dit à propos de ces films.

Bien entendu, il y a Pierrot le fou (1965) de Jean-Luc Godard que nous avons intimement lié à Saute ma ville (1968) parce que nous sommes en 1968 et que Saute ma ville est un film de révolution. Chantal Akerman avait 18 ans. Elle voit Pierrot le fou à Bruxelles, ensuite elle part aux Etats-Unis.

Elle a vu là-bas La Région centrale (1971) de Michael Snow qui est une référence pour elle; de même que les films de l'Avant-Garde New-Yorkaise, milieu dans lequel elle évoluait.

Ensuite, il y a les dossiers de presse de ses films, les notes d'intention où elle parle de tous ces films vus.

Par exemple, on sait qu'elle aime Robert Bresson. Avec, semble-t-il, une préférence pour Pickpocket (1959) et pour Mouchette (1967).
Elle fait le rapprochement entre Mouchette et son «Je» dans Je, tu, il, elle: «C'est comme une sorte de Mouchette».


Par après, il y a aussi, Todd Haynes dont elle aimait beaucoup Far From Heaven (2002).

Il y a Gus Van Sant dont elle appréciait également le travail.

Ces deux cinéastes sont de grands admirateurs de Chantal Akerman.




© revue Cinergie, 2024, Cécile Brouwez, Fred Arends, Cyril Desmet, interview filmée et transcrite, publiée le 4 avril 2024 dans Cinergie be
condensée le 20 juillet 2024, pour le présent article.


Notes

1. Interview filmée et transcrite de Céline Brouwez par Fred Arends et Cyril Desmet, revue Cinergie be :
https://www.cinergie.be/actualites/rencontre-avec-celine-brouwez-coordinatrice-de-la-fondation-chantal-akerman


2. Fondation Chantal Akerman, expo «Chantal Akerman, A Lasting Heritage», jusqu’au 7 septembre 2024:
https://chantalakerman.foundation/fondation-chantal-akerman/news/

Adresse:
Fondation Chantal Akerman c/o CINEMATEK
Rue Ravenstein 3, 1000 Bruxelles


3. Interview filmée et transcrite de Laurence Rassel par Fred Arends et Cyril Desmet, revue Cinergie be :
https://www.cinergie.be/actualites/laurence-rassel-commissaire-de-l-exposition-travelling-chantal-akerman   






Metadata

Auteurs
Céline Brouwez
,
Fred Arends
,
Cyril Desmet
Sujet
Chantal Akerman. Expo 2024. Fondation Chantal Akerman. Cinematek Bozar.
Genre
Transcription condensée entretien filmé
Langue
Français
Relation
Revue Cinergie be, 4 avril 2024
Droits
© revue Cinergie be, 2024, Céline Brouwez, Fred Arends, Cyril Desmet, le 4 avril 2024