© 2015, Josse Goffin, Regard à gauche

Editorial: Traits d’union

Nausicaa Dewez

Texte

En mai 2022, l’ADEB et les Éditeurs singuliers organisaient une rencontre dédiée à l’édition de sciences humaines.

L’événement est venu opportunément rappeler le dynamisme de ce segment éditorial: avec une septantaine de maisons d’édition actives en Wallonie et à Bruxelles, les sciences humaines constituent le deuxième domaine de production de livres après la bande dessinée – et même le premier si l’on inclut les livres numériques.

Les maisons d’édition présentes ont aussi insisté sur le rôle des livres de sciences humaines dans le monde d’aujourd’hui: «rendre accessible à tous une pensée complexe, transmettre des savoirs pour aider à mieux comprendre les enjeux et problèmes qui traversent nos sociétés».

Cette fonction de trait d’union, de médiation, place le livre (et singulièrement le livre de sciences humaines) et son autrice ou auteur, au cœur de l’exercice de la citoyenneté.



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Le «trait d’union» est aussi le fil rouge de cette livraison estivale du Carnet et les Instants, qui le décline sous de multiples formes.

Trait d’union entre aires géographiques, tout d’abord, avec notre Une consacrée aux liens et affinités entre deux littératures mineures en langue majeure, comme les ont qualifiées Jean-Pierre Bertrand et Lise Gauvin: les littératures francophones du Québec et de la Belgique.

   [Jean-Pierre BERTRAND et Lise GAUVIN (dir.), Littératures mineures en langue majeure. Québec/Wallonie-Bruxelles, Montréal, P.U.M., 2003.]


Trait d’union entre deux maillons de la chaine du livre, ensuite. Nous partirons ainsi à la rencontre de ces êtres à double vie que sont les auteurs-éditeurs, tandis qu’un nouvel «instantané» des AML évoquera le rôle de la correspondance dans la connaissance et la compréhension des auteurs.

Trait d’union entre texte et image, encore, avec un portrait de la bédéiste Dominique Goblet, et une rencontre avec l’éditrice Marie Tafforeau, de la jeune maison d’édition Le chat polaire. Celle-ci a placé au cœur de son projet la collaboration entre auteurs (le plus souvent des poètes) et plasticiens, photographes ou bédéistes.

Trait d’union, toujours, mais entre les livres.
Ce numéro du Carnet inaugure notre nouveau feuilleton, «Caractères de police», consacré aux héros de séries policières de la littérature belge.
Pour cette livraison liminaire, il sera question du plus célèbre d’entre eux: Maigret.
Notre entretien avec Bernard Quiriny évoque quant à lui un univers bâti sur les références littéraires, les citations, les livres et écrivains inventés, tandis que notre rubrique «Perdus de vue» inscrit l’œuvre d’Octave Delepierre dans l’historiographie des fous littéraires.

 

Trait d’union entre livre et lecteur, enfin. C’est, par essence, le rôle des libraires, profession doublement à l’honneur dans ce numéro avec notre série «Libraire, votre partenaire» et un focus sur la profession de libraires pour la jeunesse.
Remontant aux origines grecques du mot (legein), Heidegger établissait une équivalence entre «lire» (lesen) et «rassembler» (legen).
Un rapprochement qui n’a rien perdu de sa fécondité.

   [Martin HEIDEGGER, Essais et confidences, traduit de l’allemand par André Préau, Paris, Gallimard, 1958, p. 252, cité dans Michel LISSE, L’expérience de la lecture 1 La Soumission, Paris, Galilée, 1998, p. 43.]

 


© Nausicaa Dewez, revue Le Carnet et les instants n° 212, 3e trimestre 2022





Metadata

Auteurs
Nausicaa Dewez
Sujet
Edition, vie littéraire Belgique francophone, romans policiers belges
Genre
chronique éditoriale
Langue
Français
Relation
revue Le Carnet et les instants n° 213, 4e trimestre 2022
Droits
© Nausicaa Dewez, revue Le Carnet et les instants n° 213, 4e trimestre 2022