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D’Alberville (1950-1960) à Kalemie (2009). Un demi-siècle plus tard. [Récit complet des 4 épisodes dans Li Rantoele n° 91 à 94]

Christiane Blanjean

Texte

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Ce jeudi 25 juin 2009, réveillée par le son strident de mon réveil, je me prépare à réaliser un très vieux rêve. Celui d’un retour au Congo (RDC) que je pensais ne jamais revoir après notre évacuation liée aux évènements de l’indépendance, fin 1961.

Inlassablement, mon mari et moi avions espéré y retourner un jour, sinon pour y retravailler mais pour avoir l’occasion de dire « adieu » à ce pays où nous avons vécu en brousse sous tente pendant plusieurs années, pays auquel nous nous étions attachés et qui était la terre natale de nos enfants. Rêve financièrement irréalisable même si, après des années très difficiles, nous avions tous deux retrouver du travail en Belgique. Entretemps mon mari est décédé et lorsque j’ai été pensionnée je me suis investie dans une association d’aide aux habitants de Kalemie. (ex. Albertville.)

Puis, un jour, pour célébrer mes 80 ans je suis invitée chez mes enfants. Une besace m’est apportée. J’en retire plusieurs galets sur lesquels sont dessinés toutes sortes de motifs africains. Après un moment d’hésitation je comprends qu’il s’agit d’une sorte de jeu de piste. En effet sous les galets se trouvent plusieurs billets d’euros.

Mes enfants (nés là-bas) connaissant ce rêve d’Afrique désirent me permettre financièrement de le réaliser. Pour moi à ce moment, tout bascule. Lovée depuis toujours dans la certitude d’un retour impossible au Congo, me voilà devant une décision à prendre. Irais-je? N’irais-je pas?
Mon rêve ira-t-il jusqu’à vaincre les obstacles qui sont nombreux et dont le premier est le désaccord total de mon compagnon qui trouve qu’à mon âge il faut être folle pour envisager un tel déplacement dans un pays dont les médias ne donnent que des images négatives ; guerres, massacres, épidémies diverses, pays de non droit, famines, absence de structures d’accueil et de structures médicales et d’où …en 1961 nous avons du fuir sous les tirs des rebelles.

Une amie, ancienne assistante sociale qui a travaillé à Léopoldville (Kinshasa) tente de me convaincre de renoncer à ce voyage qui d’après elle ne m’apportera que déception. D’autres anciens coloniaux me le déconseillent également ; accès malaisé, avions rafistolés, manque de soins médicaux, sans parler de mon âge.
J’en parle avec mon médecin qui ne voit aucun inconvénient à ce voyage sur le plan médical et qui attire mon attention sur la rancœur que je pourrais éprouver si me laissant influencer par les uns et les autres, je renonçais à ce rêve. C’est à MOI de choisir en connaissance de cause.

Le 2 juin 2009, coup de théâtre ! Une dame rencontrée lors d’une réunion de notre association d’aide aux habitants de Kalemie me téléphone pour m’annoncer qu’elle part le 25 juin rencontrer son fils qui travaille à Lubumbashi et qu’elle ira ensuite à Kalemie. A cette époque la ville est calme et la population paisible. Elle s’occupera de l’organisation de voyage et me propose de l’accompagner. Malgré moi, je m’entends accepter.

Il me reste trois semaines pour faire les vaccins, obtenir un passeport, un visa, des photos, une lettre de solvabilité de la banque, un certificat de bonne vie et mœurs. Trois semaines pendant lesquelles, inquiète, j’espère tout à la fois que ce voyage s’arrangera et ne s’arrangera pas. J’ai peur de ce que je trouverai là-bas, j’ai peur de l’avion car j’ai vu sur internet qu’il se trouvait sur une liste noire, mais obstinément je continue les démarches.

Quelques jours avant la date du départ, munie de tous les documents demandés, (dont la fameuse attestation de solvabilité de la banque pour laquelle j’ai du payer 30 euros) je me rends à l’ambassade du Congo pour obtenir mon visa. Seule blanche dans une cohue indescriptible d’Africains, jeunes, vieux, femmes, enfants.

Je suis heureuse de retrouver cette ambiance congolaise et attends patiemment d’être appelée au guichet. Patatras, malgré tous mes documents en ordre, l’employé refuse de donner mon visa. Il m’aurait fallu une invitation personnelle d’un habitant du Congo ou la preuve d’être engagée par un employeur, ce qui n’était pas mentionné dans la liste que m’avait remise l’ambassade. L’employé dit craindre que je ne tombe là-bas à leur charge ! Et ajoute qu’en Belgique on demande la même chose aux Congolais qui débarquent. Je n’ose dire que leur situation n’est pas la même mais je préfère faire profil bas.
Je lui montre mes billets de retour, mon certificat de solvabilité, mon droit à la pension de retraite, mon assurance « Mondial assistance » qui prévoit mon rapatriement, rien n’y fait. Faut-il donner un matabiche ? Mais, comment le faire, entourée de cette cohue? 

Je téléphone à l’amie avec qui je partirai et qui s’est déjà rendue au Congo. Elle me rejoint ; grosse discussion au guichet à la suite de quoi mon amie me dit de payer à l’employé les 80 euros pour le visa, de donner mes papiers et d’attendre.
Deux jours plus tard elle reçoit mon visa et m’en averti. Il parait que j’aurais du comprendre à mi-mots…J’éprouve des sentiments contradictoires ; soulagement et inquiétude. Trop tard donc maintenant pour reculer, à moins de me casser la jambe ! Je me sens anormalement passive, un peu comme l’œil au centre d’un cyclone. J’avale préventivement des anti malarien et n’ouvre plus mes courriels car je suis lasse d’être traitée d’inconsciente et de folle.

Je sais que Kalemie n’est plus Albertville, je sais que le passé est révolu, que je n’y trouverai plus aucuns de ceux que j’ai connus, blancs ou noirs.

Je sais que je rencontrerai un peuple qui m’apparaîtra différent de celui que j’ai côtoyé dans le passé et cela m’attire.

J’ai besoin aussi de revoir tous ces lieux inoubliables et surtout le lac Tanganyika dont en fermant les yeux je perçois déjà l’odeur.

Je me mets en « pilotage automatique » et bourre ma valise de médicaments ; antibiotiques, anti malarien, lingettes anti bactériennes, bref un tas d’anti-choses que j’éparpille aux quatre coins de mon bagage pour boucher les trous. J’ajoute des sachets de soupe, de tisane, une lampe frontale qui s’avèrera bien nécessaire vu les innombrables pannes d’électricité etc…

Jeudi 25 juin. Mon compagnon toujours très fâché me dépose à l’aéroport où je dois retrouver mon amie. Silence lourd dans la voiture. La petite salle d’attente des passagers qui se rendent au Congo est emplie d’Africains qui retournent en vacances retrouver les leurs.
Nous sommes les seules « blanches » avec une autre dame qui part rejoindre son mari à Kinshasa.

L’avion s’annonce avec une heure de retard ; je rêve, je mange, je dors.

Le voici enfin qui arrive. Nous sommes accueillies par des hôtesses africaines joyeuses, exubérantes et maternelles.
Le vol vers Kinshasa où nous devons changer d’avion met 8 heures et se déroule sans problèmes.

A notre arrivée il fait nuit et je retrouve cette chaleur lourde, humide et moite porteuse de tant de souvenirs. Sans quitter le tarmac nous prenons l’avion pour Lubumbashi, où nous attend le fils de mon amie chez qui nous passerons la nuit avant de rejoindre Kalemie.



2



A Lubumbashi, je passe les formalités douanières. Le douanier me demande si c’est la première fois que je viens en République démocratique du Congo. Je ne sais que répondre car j’en ignore les conséquences.
Je choisis de dire « oui » (en effet en RDC c’est bien la première fois) et me vois lester de 20 dollars qui passent prestement dans sa poche. (A sa décharge, il faut dire que ces fonctionnaires doivent souvent attendre des mois pour percevoir leur traitement, s’ils le perçoivent.)

Le fils de mon amie nous conduit chez lui en voiture. Il est passé minuit et je ne vois rien de la ville mais ne peux ignorer l’état des routes vu les embardées et les secousses. Un groupe d’africains en panne nous arrêtent, demandent de l’aide pour les dépanner et ensuite un matabiche.
Nous arrivons enfin, il fait très froid, quelques degrés à peine… Une chambre est mise à ma disposition avec comme consigne de ne pas marcher pieds nus la nuit, car parfois un scorpion… C’est vrai, me revoilà au Congo.

Vendredi 26 juin… jusqu’en juillet.

Petit déjeuner puis départ pour l’aéroport où le fils de mon amie nous conduira à Kalemie avec son avion Fokker prévu pour 40 voyageurs mais qui transporte également du fret qu’il décharge dans de petits villages de brousse.

Bêtement, par peur je refuse une place dans le cockpit. Du hublot je vois défiler des paysages ; certains sont ravagés par l’exploitation de mines, puis un immense lac artificiel, enfin un terrain plus paisible et après deux heures de vol m’apparait le lac Tanganyika immense, brillant, tellement familier, tellement émouvant.

J’aperçois alors le hangar au toit troué de l’aéroport et nous atterrissons enfin sur une petite piste rudimentaire. Une voiture tout terrain (l’avenir me fera prendre conscience que ce sont les seules qui peuvent circuler sur les routes défoncées de Kalemie) nous conduit au Couvent des Religieuses de Saint Joseph qui nous hébergent.

Une sentinelle nous ouvre une porte en fer rouge et nous sommes accueilles avec des exclamations de joie par les religieuses qui toutes sont africaines, gaies et souriantes.
Toutes travaillent ; elles soignent des malades, enseignent, s’occupent d’enfants, d’handicapés, etc… Nous traversons un jardin fleuri, un potager, longeons une porcherie et arrivons dans le bâtiment qui abrite nos chambres.
Elles sont grandes, munies d’une armoire, une table avec une bougie,(l’électricité est très souvent en panne) une chaise, un lit avec son inévitable moustiquaire et un baquet empli d’eau afin de faire face aux nombreuses et longues coupures d’eau.
Je ne peux m’empêcher de demander à la religieuse si des serpents se retrouvent parfois dans le bâtiment. (Souvenir de mes années 1950) Quasi jamais dit-elle. Pour moi le mot « quasi » est de trop et je regarderai chaque soir sous le lit.

En attendant le diner, je téléphone à mon compagnon, étonnée de l’excellence de la communication.
Plus tard, je remarquerai que tous les Congolais que je rencontre, riches ou pauvres possèdent leur GSM.
Qu’est devenu le tam tam d’antan qui, en brousse dans les années 1950 était notre seul moyen de communication?

Sur la table nous attendent de nombreuses casseroles ; riz, bananes plantains cuites, viande en sauce, poisson et beaucoup de légumes. Comme dessert une énorme papaye et des citrons dont je retrouve le vrai goût.


3



Nous faisons ensuite connaissance avec le chauffeur et le guide congolais qui nous accompagneront dans nos pérégrinations.
(A Kalemie, à part une ancienne assistante sociale pensionnée, de l’époque coloniale, je n’ai rencontré aucun Blanc.)
Nous nous promenons ensuite à pied le long de la route de la Mission. Elle est large, sablonneuse, poussiéreuse, ravinée.

Nous admirons au passage le très beau travail d’un menuisier congolais et terminons l’après-midi chez « Sylvie » boire un verre de bière bien fraiche.
Parler de verre est un euphémisme car c’est par bouteille que la bière se vend et se boit. Nous nous faisons taper d’une bouteille de bière par un policier de passage et évitons non sans difficultés de lui en payer une seconde.

Chacune de nos journées se terminera dans ce bistrot aux nappes plastifiées et dans le calme ou la véhémence des conversations environnantes, dans le crépuscule embrumé par les fumées de barbecue nous nous laisserons emporter par les sonorités de la musique congolaise.

Le lendemain nous allons nous présenter au Commissaire de district du Tanganyika.
Démarche indispensable afin d’être accueillis et acceptés. Démarche qui me rappelle celle d’autrefois en brousse lorsque nous nous présentions au chef du village avec qui nous échangions des cadeaux.

Entretemps, le chauffeur m’apporte un ancien livre intitulé « Compagnie du chemin de fer du Bas-Congo au Katanga » que me prête un professeur d’histoire congolais retraité, lequel a appris (par je ne sais quel miracle typiquement africain) mon arrivée ainsi que mon passé de pionnière dans le chemin de fer. Cette attention me touche.
Dans cette ville où je ne connais plus personne, quelqu’un m’attend.

Sur le chemin de retour nous faisons un petit détour et je passe devant le chalet que mon mari et moi avions construit afin d’y vivre et que nous avons du abandonner au moment des évènements liés à l’indépendance.

Quoique délabré il est habité. Bien sur, je n’en dis rien, je ne suis pas venue pour parler du passé. Le chauffeur reprend la route principale afin de rejoindre le couvent. Tout au long, des marchands assis par terre vendent des objets hétéroclites.
Un petit porteur d’eau déambule sur la route et vend aux passants un verre d’eau bien fraiche.

Ce soir c’est moi qui offre le traditionnel « verre » de bière et j’ai besoin de changer des dollars contre de l’argent congolais.
La banque refuse mes dollars car en Belgique ils ont été agrafés par liasse et pour la banque de Kalemie le moindre petit trou si minime soit-il leur enlève toute valeur.
De retour à la mission, avec un doigt mouillé j’arrive à rendre invisibles les marques de l’agrafe et n’aurai plus de problèmes de change.

Le dimanche, je décide d’aller au bord du Tanganyika assister au retour des pêcheurs.

Arrivée sur la plage une sentinelle « vraie ou fausse, comment savoir » ne veut pas me laisser approcher du lac et demande mon passeport.
Je ne l’ai pas avec moi.
Emaillant alors mon français de quelques mots de swahili rescapés de mon passé colonial je lui explique que j’ai 80 ans, que mes enfants sont nés ici, qu’ils m’ont offert ce voyage et demandé que je leur rapporte des photos de leur pays natal et du lac où ils ont si souvent joué.

Ahuri par mon âge, attendri à la pensée des enfants nés ici et qui pour eux sont «leurs» enfants, il me conduit au bord du lac, me photographie et me déclare «Mama de Kalemie». Me voici acceptée et protégée.

Depuis 50 ans, ici rien n’a changé, le lac, le sable, le vent, le retour animé des pêcheurs avec leurs paniers plein de poissons.


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Pour moi le temps a fait son œuvre, je ne suis plus la jeune maman assise sur le sable chaud, portant son premier enfant dans les bras sous le regard curieux des watoto (enfants).
Beaucoup d’eau est passée sous les ponts, joie, bonheur, souffrance, deuil.

Quittant le lac, le chauffeur et moi passons devant l’hôpital où sont nés deux de mes enfants. (Deux autres sont nés à Kamina.)
Extérieurement il ne semble pas trop délabré, mais à l’intérieur tout manque ; lit, mobilier, médicaments, matériel médical.
Je ne désire pas le visiter ; honte, sentiment d’intrusion dans la misère des hospitalisés, chagrin, je ne sais.
Derrière l’hôpital je retrouve les deux canons Krupp orientés vers le lac et datant de la guerre 1914-1918.

Le lendemain, mon amie m’emmène rencontrer Mr L., personnage important et influent de Kalemie, qui s’intéresse beaucoup à sa ville.
Il désire la réhabiliter sans attirer le grand tourisme mais en créant de petites chambres d’hôtes. Projets très attrayants car Kalemie est un endroit magnifique, unique avec son lac, sa plage, ses collines, son climat agréable. Nous discutons de cela.

Il me dit ensuite avoir lu sur internet le récit de ma vie au Congo (esquisse de mon livre) et s’y être beaucoup intéressé. 

En effet, il me parle des villages et des cours d’eau que j’ai cités, et me dit avoir en vain malheureusement, essayé de retrouver mon boy à qui, en première page, je rends hommage.

Il me demande de préparer une causerie sur mon passé colonial que très peu de Kalemiens ont connu car il désire que la génération actuelle apprenne l’histoire de leur ville.
Il lance donc des invitations, placarde l’information au Centre Culturel.

Je suis catastrophée ! Comment parler à tous ces Congolais de cette période coloniale qu’il est actuellement de si bon ton de vilipender.
Comment préparer cela en deux jours. Comment les intéresser ?

Personnellement, j’ai été mécontente de ma prestation. Les auditeurs m’ont posé beaucoup de questions sur mes enfants et espèrent les revoir un jour.
Les universitaires présents, intéressés par ce passé m’ont demandé de leur envoyer de la documentation et en attendant je leur ai laissé l’ébauche de mon livre qui mieux que ce que je n’ai pu le faire raconte cette époque révolue.


Mon amie et moi, accompagnées du chauffeur et du guide décidons de nous rendre ensemble à un immense barbecue organisé par les Kalemiens sur la plage, le long du Tanganyika.

Nous payons notre entrée, recevons une bouteille de bière et allons nous asseoir à même le sable au bord du lac agité par une légère brise.

Nous devisons à bâtons rompus de sujets divers. Moment précieux d’amitié et de rapprochement mutuel.
En fin d’après midi, avant de partir j’emplis une boite de ce sable dans lequel ont si souvent joué mes enfants et y joins une bouteille avec l’eau du lac.

Plusieurs visites sont encore prévues dont l’une au « territoire » (équivalent de l’administration communale) où je vais tenter de retrouver le registre où ont été déclarées les naissances de mes enfants.
Je suis très bien reçue par le préposé congolais qui a tenté de sauver ce qui pouvait l’être des pillages, incendies, guerres civiles etc…

Tout est bien classé. Très fier, il retrouve un registre en cuir datant de 1952 et parmi les pages qui s’y trouvent encore, celle concernant la déclaration de naissance de mon premier fils.
Stupeur de part et d’autre.
Pour lui, voir face à lui la maman d’un enfant né en 1952, inscrit dans « son » registre pendant une époque ; celle coloniale qu’il n’a personnellement pas connue est un peu comme voir un dinosaure surgir du fonds des âges.
Pour moi, lire ce document vieux de 57 ans m’a profondément touchée.

Ensuite nous visitons l’école ex « Regina Pacis » fréquentée par mes enfants devenue « Lycée Armani. »
Les bâtiments me paraissent relativement bien entretenus et l’école malgré un manque évident de matériel fonctionne grâce à l’ingéniosité des professeurs.

Nous irons au cimetière où se trouvent de nombreuses tombes datant de l’époque coloniale.
Un de mes voisins de Nassogne m’a demandé de tenter de trouver la tombe de son frère décédé en 1959. Le cimetière étant complètement envahi par la végétation, cela m’a été impossible.

Nous nous sommes rendus à l’invitation d’un Kalemien que nous avions aidé à réaliser un projet qui lui tenait fort à cœur. Ouvrir un petit restaurant dans un local vide sur les quais. Il utilisa les ressources qu’offre la ville ; le menuisier fabriqua le mobilier, des jeunes sans emploi ont été payés pour rafistoler et peindre la salle, une brasserie opérationnelle a livré de la glace pour les frigos, (afin de compenser les trop fréquentes pannes électriques.)
L’ouverture s’est très bien passée, le repas excellent et il m’a dit son bonheur de ne plus se réveiller chaque matin face à une journée vide.


*


En fin de séjour, nous avons été reçus par le professeur d’histoire qui m’avait prêté un livre.
Il est très cultivé, épris d’histoire, de géologie, de choses antiques.
Il nous a montré toute une série de sculptures congolaises parfois très anciennes. Sa conversation est intéressante et il a une grande largeur de vue.
J’ai éprouvé pour lui beaucoup d’amitié. (Après mon retour en Belgique nous garderons pendant quelques années un contact par mail).


Mon séjour à Kalemie est terminé. Le lendemain, attendant le Fokker qui doit me conduire à Lubumbashi, où je logerai avant de changer d’avion pour Bruxelles, je vois arriver parmi les passagers une religieuse blanche dont la couleur de peau détonne parmi tous les Congolais.
Qui est-elle? Que vient-elle faire ici...?

J’ai oublié que moi aussi je suis une blanche. 



19.07.2019. Christiane Blanjean.

© licence de libre utilisation CC-BY-SA 4.0.

Metadata

Auteurs
Christiane Blanjean
Sujet
Retour à Albertville - Kalémie. 1950 - 1960 - 2009.
Genre
Récit
Langue
Français
Relation
Revue Li Rantoele n° 94-2020
Droits
© licence de libre utilisation CC-BY-SA 4.0