Simplet
Raymond Vautherin
Texte
Écrivain et poète en franco-provençal, Raymond Vautherin est auteur de plusieurs livres dans cette langue ; co-auteur du Nouveau dictionnaire de patois valdôtain et auteur du Dictionnaire illustré destiné aux jeunes patoisants, ainsi que de nombreuses pièces de théâtre et des historiettes.
Il a traduit plusieurs ouvrages à caractère religieux, et imprimé, par ses propres moyens, un livre de poésies au titre Alolon di ten (Au fil du temps) et trois recueils d'historiettes de Dzan fin et Dzan fou.
Depuis 1975, il est directeur de la revue culturelle du Comité des Traditions valdôtaines, Le Flambeau-Lo Flambò.
Simplet
Constantin de la gousse se présente chez le docteur avec une cheville
déboîtée.
« Qu'est-ce qui t'arrive mon pauvre Constantin ? Lui demande le docteur.
– Eh ! Monsieur le docteur. Il y a 25 ans moi...
– Ne retourne pas en arrière dans le temps, lui dit le docteur, dis-moi plutôt comment tu as fait pour te déboîter la cheville.
– Comme je vous disais, monsieur le docteur, il y a 25 ans, je suis allé travailler dans une famille de richards et un soir que je m'étais à peine couché, la fille de cette famille, une très belle fille faite pour être vue, entre dans ma chambre et me demande si je voulais quelque chose et moi, je lui réponds que non, que je n'avais besoin de rien.
– Tu es sûr ? Me demande-t-elle en souriant.
– Oui ! lui répondis-je. »
Mais elle insiste encore.
« Tu es vraiment sûr de n'avoir pas besoin de quelque chose de ma part ? De n'avoir besoin de rien ? Continuait-elle à me demander.
– Excuse-moi, Constantin, demande le docteur, mais qu'est-ce que cela peut faire avec ta cheville déboitée ?
– Ce matin, en repensant à cette fille ; je me suis rendu compte de ce qu'elle voulait, et je suis tombé du lit. »
franco-provençal
Simplet
Tantin de la grouille se presente in tsë lo medecin avouë euna greille foura de place.
« C'en que tè t'ë accapità mon pouro Tantin ? Lèi demande cit inque.
– Eh ! mocheu lo medecin, 25 an fé mè...
– Resta pa a torné indérë din lo ten, lo intrecoppe lo medecin, di-mè pitou comme t'a fé a betté foura la greille.
– Comme dz'ëro in tren de dëre, mocheu lo medecin, 25 an fé dze si allé travaillé in tsë euna fameille de reutsar et euna nët que dze m'ëro a pèina catsà a la coutse, la feille de cetta fameille, euna fameusa dzenta feille féte pe vére, entre din ma tsambra et me demande se dze voillò quaque tsousa et mè dze lèi repondo de na, que dz'ayò pa fata de ren.
– Ë-te cheur ? Me demande llie in sourien.
– Vouè ! dze lèi torno repondre. »
Et llie contenien a insisté.
« T'ë fran cheur d'avèi pa fata de quaque tsousa de mé ? D'avèi pa fata de ren ? Conteniave a me demandé.
– Escusa-mè Tantin, demande lo medecin, më cen que l'at a que fére cetta conta avouë ta greille foura de place.
– Cetta matin, tornen pensé a çalla feille ; dze me si rendu contso de cen que vouillet, et dze si tset de la coutse. »
Raymond Vautherin