© 2015, Josse Goffin, Regard à gauche

Qu'on me fiche la guerre

Zéno Bianu

Texte

Il n’a plus de nom
c’est un spectre bleu
il s’avance

il s’appelle
Robert Desnos
mais il aurait pu
s’appeler

Villon trompe-la-mort
ou Nerval
trompe-la-vie
il s’avance

c’est un déserteur de l’esprit

bonjour la flamme
tu ne me brûles pas
tu me transportes

Il est allé
au bout de tout
au bout de la mélancolie
au bout du souffle

chacun de ses mots
est un rappel de feu
un retour de
présence

devant le désastre des temps

qu’on me donne à boire
durant toute la mort
qu’on me fiche la guerre

Ainsi parle-t-il
celui qui sait
que son souffle traverse
la mort

celui
qui s’abandonne
à jamais
en présence exaltée

l’homme
à l’intonation turbulente

l’homme
en drapeau rouge replié
sur sa dramaturgie douloureuse

Il a ricoché
sur toutes ses vies
sentinelle
aux douces immensités

un perpétuel amour
l’a porté transporté
déporté

rien ne meurt la mort n’est pas vraie



Metadata

Auteurs
Zéno Bianu
Sujet
Robert Desnos
Genre
Poésie
Langue
Français
Relation
Revue Traversées
Droits
© Zéno Bianu, 2016