Qu'on me fiche la guerre
Zéno Bianu
Texte
Il n’a plus de nom
c’est un spectre bleu
il s’avance
il s’appelle
Robert Desnos
mais il aurait pu
s’appeler
Villon trompe-la-mort
ou Nerval
trompe-la-vie
il s’avance
c’est un déserteur de l’esprit
bonjour la flamme
tu ne me brûles pas
tu me transportes
Il est allé
au bout de tout
au bout de la mélancolie
au bout du souffle
chacun de ses mots
est un rappel de feu
un retour de
présence
devant le désastre des temps
qu’on me donne à boire
durant toute la mort
qu’on me fiche la guerre
Ainsi parle-t-il
celui qui sait
que son souffle traverse
la mort
celui
qui s’abandonne
à jamais
en présence exaltée
l’homme
à l’intonation turbulente
l’homme
en drapeau rouge replié
sur sa dramaturgie douloureuse
Il a ricoché
sur toutes ses vies
sentinelle
aux douces immensités
un perpétuel amour
l’a porté transporté
déporté
rien ne meurt la mort n’est pas vraie