© 2015, Josse Goffin, Regard à gauche

Petite histoire des anthologies de littérature belge. Une histoire de choix

Frédéric Saenen

Texte

Anthologie… Sous ses dehors sérieux, le terme se rafraîchit dès que l’on repense à la traduction de son étymon grec: «Action de cueillir des fleurs». Du scolaire recueil d’extraits au gracieux florilège, il n’y a dès lors plus qu’un pas. Dans le domaine français, le terme est davantage associé à la poésie, avec les classiques que sont devenus les volumes d’André Gide dans la Bibliothèque de la Pléiade ou celui que l’on doit à l’éphémère président de la République Georges Pompidou. Mais la Belgique est-elle aussi terre de «morceaux choisis»? Assurément!

 

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Il y a mille et une façon d’utiliser une anthologie: la lire de bout en bout comme un récit fragmenté et polyphonique, y puiser des informations purement documentaires pour la réalisation d’un travail, la parcourir aléatoirement dans l’espoir d’y faire quelques belles découvertes, en prendre connaissance pour se faire une idée d’un champ, d’un genre, d’un paysage littéraire… En revanche, il n’y a qu’une seule façon de composer une anthologie: il faut choisir. L’exhaustivité est antinomique à la démarche qui consiste à prélever des pages d’un ensemble d’œuvres – les meilleures, les plus représentatives ou emblématiques, les plus pertinentes ou les plus parlantes –, fussent-elles toutes signées du même auteur ou de la même autrice.
Il faut choisir. Partant sacrifier.

 

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À cet égard, la démarche de sélection anthologique s’avère plus complexe que celle de la censure. Car là où la seconde use des ciseaux pour amputer, effacer, caviarder, la première consiste à émonder autour d’un corpus touffu pour le mettre en valeur. Il faut fixer le moment où faire débuter l’extrait et où le suspendre. Certes, l’opération est simplifiée quand il s’agit de proposer une suite de textes intégraux (nouvelles, contes, voire romans complets), mais là encore, se pose la question de qui élire, surtout si l’opera omnia est de haute qualité. Que privilégier et que délaisser chez un Michaux, une Yourcenar, un Maeterlinck?
À moins de relever du travail de commande, soumis à des critères prédéfinis et un canevas imposé, toute anthologie reflète la personnalité de qui l’élabore, avec ses goûts, ses orientations et ses prédilections. La subjectivité, qui rime si commodément avec liberté, a peu ou prou sa part d’importance dans ce qui préside au tri particulier, puis à l’agencement général. Elle peut même ne reposer que sur l’aveu de «coups de cœur», comme l’osèrent en poésie Colette Nys-Mazure et Christian Libens. Mais pour que l’ouvrage se tienne enfin, il faut ajouter à l’empirisme et à l’impressionnisme, un ordre et une méthode. Son articulation peut ainsi être diachronique et s’étendre sur le temps long ; synchronique, s’il s’agit de cerner un mouvement (par exemple le symbolisme) ; générationnelle, thématique, générique, etc.

 

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La littérature belge peut rapidement apparaître comme un casse-tête à qui entreprend de la best-offiser. Quand commence-t-elle? À une période anténapoléonienne avec le Prince de Ligne? En 1830-1831, en opportun phasage avec la naissance de l’État belge? Avec l’écriture des élégies d’Octave Pirmez dans les années 1830, mais qui, sur la volonté de l’auteur, ne seront publiées qu’à titre posthume? Dans les Wallonnades de Grandgagnage en 1845, œuvre monumentale mais oubliée s’il en est? Ou plus simplement avec Charles de Coster? Et si oui, à la parution de sa Légende d’Ulenspiegel en 1867 ou à sa mort en 1879, quand s’ébauche le processus de sa reconnaissance comme premier écrivain belge digne de cette appellation? Ou encore au banquet offert en 1883 à Camille Lemonnier qui le sacre « Maréchal des Lettres »?
Puis, où commence-t-elle, cette littérature? En Flandre, avec De Leeuw van Vlaenderen (1838) de notre Walter Scott, Henri Conscience? Dans quelque localité wallonne, sous la plume d’un conteur ardennais ou d’un chansonnier du Caveau liégeois? Au cœur de la capitale, quand une équipe de jeunes échevelés lance La Jeune Belgique, revue et mouvement? Et pourquoi pas du côté de Guernesey, quand Victor Hugo scelle le contrat qui le lie à l’éditeur Albert Lacroix pour les Misérables?

 

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Enfin, quel est son nom? Faut-il proposer une anthologie de… littérature belge, littérature française de Belgique, littérature belge d’expression francophone, pourquoi pas littérature Wallonie-Bruxelles? De là, ne réunirait-elle que des écrivains reconnus – par Paris, par leurs pairs? Les grandes plumes nationales autant que les talents régionaux? Exclusivement les morts? Ou rien que les vivants, au risque d’en voir passer certains avant même la publication?
On le voit, le vertige saisira quiconque prétend compiler nos Lettres.

 

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Mais à trop penser, on n’entreprend rien. En 1874, Amélie Struman-Picard et le célèbre historien Godefroid Kurth (qui n’était autre que son beau-frère) ne s’encombrent pas d’autant de scrupules pour publier, entre Bruxelles et Paris et «sous le patronage du Roi», leur Anthologie belge. Autant le dire d’emblée, dans cet élégant volume à la reliure verte finement ouvragée, financé par une impressionnante liste de souscripteurs de tout le pays, il ne se rencontre pas plus de trois noms que connaissent encore vaguement aujourd’hui une poignée de mordus de littérature belge. Trois sur cinquante-deux. Heureusement, l’objectif premier de l’entreprise n’était pas de faire passer à la postérité tou.te.s les élu.e.s, mais bien de «composer un bouquet poétique digne d’être offert à nos compatriotes». L’intérêt de l’ouvrage réside davantage dans la lumineuse présentation liminaire. Les auteurs y déplorent l’apathie qui règne dans le pays quand il s’agit d’accueillir une publication poétique, tant de la part de la presse que du public. Ils revendiquent l’existence d’une littérature belge dont ils font coïncider l’acte de naissance avec l’indépendance du pays, et posent la question: «Aurons-nous, oui ou non, une littérature nationale, expression de notre pensée nationale? Ou bien le peuple belge traversera-t-il l’histoire sans que nul monument littéraire apprenne à la postérité que lui aussi a vécu, souffert, pensé et levé les yeux plus haut que la terre et que les soucis de la vie positive?» Brandissant leur demi-centaine d’aèdes, Amélie et Godefroid prennent le pari de poser la première pierre d’un vaste projet qui verra le jour six années plus tard, avec l’arrivée d’une nouvelle génération.

 

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En littérature comme en tout, «on n’est jamais mieux servi que par soi-même». En 1888, quatre écrivains belges reconnus – Camille Lemonnier, Edmond Picard, Georges Rodenbach et Émile Verhaeren –, illustrent l’adage avec leur Anthologie des prosateurs belges, publiée non plus avec l’appui du Palais, mais «du Gouvernement». Les membres du quarteron placent comme terminus a quo de leur sélection le plus européen des hommes de lettres né à Bruxelles, le Prince de Ligne. C’est en effet grâce aux créations des écrivains artistes qui l’ont suivi que les destins des littératures française et flamande se sont dissociés. La littérature belge, étrange Janus, est née, avec ses particularités et ses propriétés, ce qui l’éloigne du soupçon de l’imitation française. Dès lors, le travail des quatre anthologistes «n’est plus uniquement un triage de morceaux de style plus ou moins parfaits et rentrant dans le cadre des paradigmes scolaires ; c’est le cycle même des efforts réalisés par plusieurs générations d’écrivains et comme une suite d’irrécusables documents attestant l’évidence d’un immense travail intellectuel qui toujours un peu plus nous rapprocha de la pleine possession de nous-mêmes». Leur profession de foi résonne comme l’accomplissement du «Soyons nous!» lancé par la Jeune Belgique moins d’une décennie auparavant. Autre intérêt de la publication: elle consacre le dialogue entre créateurs et monde institutionnel, puisqu’elle n’aurait pas existé sans l’appui de l’audacieux ministre des Beaux-Arts, le Chevalier de Moreau, qui «a osé ne pas se désintéresser de [la littérature,] cette part de la vitalité nationale».

 

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Grosso modo, entre 1888 et 1914, la littérature belge «se fait» sans trop se regarder. Fort de ce constat, il ne s’agirait pas de conclure hâtivement à un manque de retour réflexif sur notre identité culturelle ; il serait aussitôt démenti par l’anthologie passionnante due à Björn Olav-Dozo et François Provenzano sur l’historiographie de la littérature belge. Y sont passées en revue les notions structurantes (Nation, Âme, Périphérie, Réseau, etc.) qui ont permis de penser la «Belgique littéraire» depuis ses origines. En 1915, l’un des premiers essais qui en entérinait l’existence est signé du Français Remy de Gourmont. Les années d’entre-deux-guerres verront quant à elles fleurir les souvenirs et portraits d’écrivains (Joseph Conrardy en 1928, Hubert Krains en 1930, Henri Carton de Wiart en 1939), sans compter les monographies consacrées aux plus éminents représentants de la prose et du vers belges. Dans cette florissante production «métacritique» prend place un volume tel que les Pages belges d’Émile Verhaeren, aux éditions bruxelloises de La Renaissance du Livre. Anthologie consacrée à un seul auteur, elle permet d’entendre les voix diverses du poète, du critique d’art, enfin d’une grande conscience humaniste à travers son ultime discours en Belgique du 11 juillet 1914.

 

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À l’autre versant des grandes conflagrations, il faut signaler la stèle solennelle dressée par Maurice Wilmotte aux Écrivains belges morts à la guerre. Dans son douloureux avant-propos, l’universitaire liégeois rappelle les «troublants problèmes» soulevés par cette anthologie: ceux liés à une génération éveillée prématurément à la clairvoyance et à la brutalité, et qui devait conjuguer son dépucelage par l’horreur à des idéaux patriotiques et de défense nationale. Ces jeunes héros, qui célébrèrent dans leurs vers la jeunesse et l’espoir, furent tous fauchés au seuil d’une existence qui promettait, chez certains, de déboucher sur une œuvre majeure. La guerre nous a cruellement privés d’un Louis Boumal ; mais que seraient devenus Jean Beaufort, Victor Burny, Prosper-Henri Devos, Léo Somerhausen et leurs six autres camarades, couchés dans ce sarcophage de papier, si l’histoire leur avait prêté maturité et vie? En permettant de poser froidement la question, l’anthologie de Wilmotte remplit l’un des devoirs cruciaux du genre, sinon le premier, celui de la mémoire.
Sur ce point, il faut souligner l’importance des anthologies de littérature et poésie wallonnes. Celle que le trio Charles et Joseph Defrecheux et Charles Gothier ont consacrée en 1895 aux Poètes wallons s’ouvre sur la récapitulation d’une histoire qui commence au 17e siècle, passe par les chansonniers révolutionnaires, frappe un grand coup en 1854 avec la parution du Lèyiz-m’plorer de Nicolas Defrecheux, fait des émules enfin tout au long de la deuxième moitié du 19e siècle dans les genres les plus divers. Si l’on ajoute à ce monument les Poètes wallons d’aujourd’hui rassemblés et traduits par Maurice Piron en 1961 puis les deux volumes des Conteurs de Wallonie chez Labor en 1985 puis 1989, l’on obtient un panorama sur un siècle d’une tradition orale et lyrique, ancrée dans une multiplicité de terroirs et encrée pour se hisser au rang de la littérature majuscule.

 

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En français aussi, c’est souvent la poésie qui se taille la part belle parmi les recueils de morceaux choisis, avec des ouvrages aussi précieux que ceux composés par Liliane Wouters, seule (avec un premier Panorama de la poésie française de Belgique en 1976) ou en compagnie d’Alain Bosquet (les quatre volumes de La poésie francophone de Belgique en 1992) ou encore Yves Namur (Poètes aujourd'hui: un panorama de la poésie francophone de Belgique en 2007). Interrogée par Carmelo Virone sur les principes directeurs de son travail, la grande Dame posait, avec son franc parler coutumier, la nécessité «de refaire le bilan d’une poésie nationale à chaque génération». Refusant «les exclusives, les étiquettes, les compartimentages», elle esquissait en quelques réponses une déontologie de l’anthologie, qu’elle faisait reposer sur «la qualité du texte, uniquement la qualité du texte, l’authenticité de la voix du poète, son originalité».
Elle accordait aussi toute son importance à l’émergence de nouvelles plumes, et il est vrai que la revendication de «jeunesse» s’affiche en titre de nombre d’anthologies d’ici. Telle est la cruelle ambivalence inhérente au genre: les fontaines de jouvence sont toujours placées en bordure de l’inexorable fleuve du temps. Qu’elle soit située en pays de Liège (L’arbre à paroles, 1998) ou qualifiée de française de Belgique (Le Taillis pré, 2009), la Nouvelle poésie est vouée à demeurer comme à passer. Mais d’une génération à l’autre, il faut se rendre à l’évidence: la poésie a toujours vingt ans (Espace Nord, 2022) et ne prend pas une ride. Ses fantômes répondent présent, à l’instar de Thibaut Binard (1980-2005) dûment repris par Yves Namur aussi bien que par Gérald Purnelle. Grâce à l’attention dévouée des anthologues, les mots continuent à palpiter quand les gestes et les voix de celles et ceux qui sont parti.e.s n’appartiennent plus qu’à nos frêles souvenirs.

 

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Mais la vocation de l’anthologie n’est pas que conservatoire. Dynamique, elle se veut aussi outil de transmission. En 1938, on doit à la collaboration de l’inspecteur de l’enseignement Léon Demeur et du professeur d’athénée royal Gustave Vanwelkenhuyzen l’aboutissement d’un travail qui tient lieu de patron sur le plan pédagogique. D’abord parce que les Pages choisies des écrivains français de Belgique font éclater la frontière des genres en proposant des extraits de romans, de contes ou de nouvelles, parfois des textes intégraux. Mais surtout parce que le dispositif d’encadrement des textes préfigure celui d’un manuel scolaire. En exergue de chaque section réservée à un auteur ou une autrice (classé.e par ordre chronologique de naissance) se trouve une mention de ses œuvres principales et des genres dans lequel il ou elle s’est illustré.e. En tête ou dans le corps du texte, un portrait dessiné ou photographique nous permet de mettre un visage sur les mots. Le volume se clôture sur un tableau chronologique des lettres belges – peu fallacieux puisqu’il commence en 1830 tout pile et que les premiers événements recensés sont les années de naissance de grands noms futurs. Sur les trente-neuf noms retenus, on rencontre quatre femmes – Neel Doff, Marguerite Van de Wiele, Marie Gevers, Simone Berson ; nulle trace de la pionnière, Caroline Gravière, ni de la talentueuse Madeleine Bourdouxhe – mais peut-être La femme de Gilles, publié en 1937, était-il trop récent. Le principal mérite de ce volume est de faire entendre une considérable variété de voix et de tonalités, du régionalisme noir de Hubert Krains au courant de conscience d’André Baillon, du réalisme fantastique de Franz Hellens aux réalités prolétariennes de Pierre Hubermont. Surtout, il esquisse le sillon pédagogique de l’entreprise anthologique.

 

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Car nos Lettres, si long le chemin fût-il, se sont frayé une place jusque sur les bancs de l’école. Jusqu’à l’orée du 21e siècle, les élèves du secondaire n’étudieront que la littérature du pays voisin, certes bien doté, dans des volumes du type Lagarde et Michard. Toutes ces ouailles qui auront dû se gaver de Troyat et de Saint-Exupéry, sauront à peine que Georges Simenon, dont elles ne connaissent habituellement que Le chien jaune, était d’origine liégeoise. Il faudra attendre, en 1999, que Michel Joiret publie chez Didier Hatier ce qui, aux yeux de votre serviteur, demeure l’une des plus solides références en matière d’anthologie scolaire pour La littérature belge de langue française. Richement illustré de portraits, mais aussi de peintures, cet outil remarquable et qui n’attend que sa refonte, recèle une mine d’informations bibliographiques, d’éléments de contextualisation et d’analyse sur les œuvres abordées.

 

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Enfin, plus symboliquement, les anthologies peuvent aussi marquer l’heure venue du bilan ou un tournant, à l’instar de la collection patrimoniale Espace Nord dont les numéros de centaine sont un recueil d’extraits poétiques (Piqués des vers, n° 300) ou de nouvelles (Fenêtres sur court, n° 400).
De tels panoramas nous rappellent qu’en littérature, la Belgique a tout d’une grande, comme le disait jadis une pub pour certain modèle de voiture. Alors qu’on la taxe souvent d’être à la traîne, ou carrément dans l’ombre, de son prestigieux voisin, elle s’est illustrée dans les plus grands courants esthétiques. En 1997 et 1998, trois forts volumes aux éditions Complexe ont établi l’importance de la Belgique fin-de-siècle, en compilant les titres les plus importants de cet âge d’or des lettres belges oscillant entre naturalisme, décadentisme et symbolisme. Maintes anthologies nous rappellent les apports de nos hommes et femmes de Lettres au genre du roman historique (avec le collectif publié au Cri en 2008) ou au surréalisme (avec l’incontournable référence due à Paul Aron et au regretté Jean-Pierre Bertrand en 2015). La France même recueille depuis dans nos contrées les accents profonds d’une veine prolétarienne inouïe (Plein chant, 1985) ou reçoit les Lettres de Belgique (L’école des lettres, 1995) de tous ces visiteurs, touristes, exilés, proscrits, endettés, censurés ou maudits que nous hébergeâmes, le temps d’une congestion cérébrale (Baudelaire), d’une virée en automobile (Mirbeau) ou d’une scène de ménage conclue par un coup de revolver (Verlaine, Rimbaud)… Elle va même jusqu’à tenter le Voyage en Belgique, quitte à s’y égarer, avec le volume éponyme paru chez Bouquins en 2019.

 

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Mais c’est quand elle se fait transversale que l’anthologie livre le meilleur d’elle-même. Déjà, la traversée en quatre étapes de La Belgique de l’étrange nous faisait basculer de l’autre côté du miroir, en compagnie de monstres sacrés (Lemonnier, Rosny, Ghelderode) comme de minores qui se révèlent autant de petits maîtres attachants, au talent déconcertant – les Pol Demade, André Ruyters, Alex Pasquier et Irène Hamoir, qui ne doivent leur survie qu’au flair et à la passion de quelque anthologue. Et comment achever ce tour d’horizon bien lacunaire autrement qu’en tendant à celles et ceux qui voudraient «lire le belge» les trois volumes de La Belgique en toutes lettres, orchestrés en trois pans capitaux: le pays; l’histoire et les hommes; et tranches de vie. Ici, l’anthologie n’est pas banalement identitaire, elle se fait immédiatement sensible. Mêlant les époques et les registres au gré de thèmes savamment agencés, ces pages se lisent à vol d’oiseau, se dégustent à bouche et cœur que veux-tu, se respirent d’air salin du Zwin en tourbières fagnardes, se piétinent de sable en glèbe, rient au tomber des noix du plafond que jette le grand Saint-Nicolas ou retiennent une larme au passage d’un convoi funèbre, jouent dans les vagues ou les sous-bois, aux quatre coins de ce pays qui en a des milliers...

 

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Passeuse de mémoire et d’émotions, l’anthologie a beau ne jamais être composée que des livres des autres, elle n’est jamais un livre comme les autres.

 

© Frédéric Saenen, revue Le Carnet et les instants n° 221, octobre 2024, Bruxelles

Bibliographie

Amélie STRUMAN-PICARD et Godefroid KURTH, Anthologie belge, Bruxelles-Paris, Bruylant-Reinwald, 1874.
Camille LEMONNIER, Edmond PICARD, Georges RODENBACH et Émile VERHAEREN, Anthologie des prosateurs belges, Bruxelles, Imprimerie Veuve Monnom, 1888.
Charles DEFRECHEUX, Joseph DEFRECHEUX et Charles GOTHIER, Poètes wallons, Liège, Gothier, 1895.
Léon DEMEUR et Gustave VANWELKENHUYZEN, Pages choisies des écrivains français de Belgique, Romans – contes – nouvelles, 1880-1938, Bruxelles, Vanderlinden, 1938.
Liliane WOUTERS, Panorama de la poésie française de Belgique, Bruxelles, Éditions Jacques Antoine, 1976.
Les conteurs de Wallonie, préface de Françoise Lalande, lecture de Paul Delbouille, Bruxelles, Labor, coll. :Espace Nord » n° 18, 1985.
Liliane WOUTERS, Ça rime et ça rame, Bruxelles, Éditions Labor, 1985.
Les conteurs de Wallonie, tome 2, préface de Marie-Thérèse Guillaume, lecture de Paul Aron, Bruxelles, Labor, coll. :Espace Nord » n° 54, 1989.
Liliane WOUTERS et Alain BOSQUET, La poésie francophone de Belgique, 4 tomes, Bruxelles, Éditions de l'ARLLFB, 1992.
Paul GORCEIX, La Belgique fin de siècle, Bruxelles, Complexe, 1997.
—, Fin de siècle et symbolisme en Belgique, Bruxelles, Complexe, 1997.
Paul ARON, La Belgique artistique et littéraire. Une anthologie de langue française 1848-1914, Bruxelles, Complexe, 1998.
[s. n.], Anthologie Nouvelle poésie en Pays de Liège, Amay, L’arbre à paroles, 1998.
La Belgique de l’étrange, nouvelles fantastiques réunies par Éric LysØe, t. 1: 1830-1887, t. 2: 1887-1914, t. 3: 1914-1945, t. 4: 1945-2000, Labor, coll. :Repères », 2003.
Poètes wallons d’aujourd’hui, textes rassemblés et traduits par Maurice Piron, Bruxelles, Labor, coll. :Espace Nord » n° 198, [1961], 2005.
Liliane Wouters et Yves Namur, Poètes aujourd'hui: un panorama de la poésie francophone de Belgique, Châtelineau / Saint-Hippolyte, Le Taillis pré / Le Noroît, 2007.
La Belgique en toutes lettres, t. 1: le pays, t. 2: l’histoire et les hommes, t. 3: tranches de vie, Bruxelles, Luc Pire, coll. :Espace Nord », 2008.
Yves NAMUR, La nouvelle poésie française de Belgique, Le Taillis Pré, Châtelineau, 2009.
Björn-Olav DOZO et François PROVENZANO, Historiographie de la littérature belge, Lyon, ENS Éditions, 2014.
Fenêtres sur court, Bruxelles, Espace Nord n° 400, 2021.
Gérald PURNELLE, Une poésie de vingt ans, Anthologie de la poésie en Belgique francophone (2000-2020), Bruxelles, Espace Nord n° 394, 2022.

© bibliographie établie par Frédéric Saenen, 2024 


Metadata

Auteurs
Frédéric Saenen
Sujet
Anthologies littérature belge. Historique. Analyse
Genre
essai histoire littéraire
Langue
Français
Relation
Revue Le Carnet et les instants n° 221, octobre 2024, Bruxelles
Droits
© Frédéric Saenen, revue Le Carnet et les instants n° 221, octobre 2024, Bruxelles